Les révélations se suivent et se ressemblent (un peu). Dimanche 5 novembre. Une centaine de médias ont révélé au monde entier l’existence de pratiques d’optimisation fiscale. Ces scoops reposent sur des fuites de documents.

Ces derniers ont été transmis en 2016 à deux journalistes allemands, Frederik Obermaier et Bastian Obermayer, du quotidien munichois “Süddeutsche Zeitung”. Ces mêmes journalistes avaient été à l’origine des “Panama Papers”, dont les médias avaient révélé l’existence (un dimanche soir également) en avril 2016.

Les 13,5 millions de documents proviennent, pour une bonne, part d’un cabinet international d’avocats : Appleby. Spécialisé dans la finance offshore, ce cabinet est basé aux Bermudes. Il compte des bureaux aux îles Caïmans, aux îles Vierges britanniques, aux îles Maurice et Seychelles, à Hong Kong, à Shanghai, ou plus près de nous, dans les îles de Guernesey, de Jersey, et de Man. Des juridictions considérées comme des paradis fiscaux.

D’où le nom de “Paradise Papers” donné à ces documents

Que révèlent ces documents ?

Ces papiers mettent à jour des pratiques d’optimisation fiscale. L’optimisation fiscale repose sur l’utilisation, par des moyens légaux, de failles du système fiscale ou d’options fiscales (régimes dérogatoires, niches fiscales…).

Son objectif : réduire le montant de l’imposition tout en étant conforme aux obligations fiscales du pays d’implantation.

L’optimisation fiscale se distingue en cela de l’évasion fiscale, dont les pratiques avaient été révélées par les documents des “Panama Papers”. L’évasion fiscale s’appuie elle sur des techniques illégales de dissimulation de fortune

Plus de 400 journalistes de 95 médias ont enquêté durant plus d’un an sur ces documents, sous l’égide du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ)

Qui est impliqué ?

Dans la première fournée d’informations mises à jour par ces médias, on trouve le nom de la reine d’Angleterre, Elizabeth II, qui possède deux fonds gérés par le Duché de Lancaster et basés aux îles Caïmans et des Bermudes. Leurs montants (10 millions de livres, 11,3 millions d’euros) sont investis dans de nombreuses sociétés, dont une chaîne de magasins de spiritueux, aujourd’hui en dépôt de bilan. Ou encore dans Brighthouse, une société de location de meubles et de matériel informatique avec option d’achat.

Au Royaume-Uni, celle-ci est accusée de profiter de la misère des gens à peu fortunés, en leur proposant des crédits à des taux d’intérêt de 99,9%. Récemment elle a été condamnée à rembourser 14,8 millions de livres à environ 250.000 clients.

Des membres du gouvernement Trump

Ces “Paradise Papers” révèlent aussi les noms de sociétés offshore détenues par des membres du gouvernement Trump : comme le secrétaire d’État américain au commerce, Wilbur Ross, actionnaire majoritaire d’une société offshore de fret maritime, qui travaille avec des Russes.

Ou encore Rex Tillerson, le chef du département d’État américain, qui possédait une société offshore lorsqu’il dirigeait Exxon Mobil.

Au Canada, c’est le nom du milliardaire Stephen Bronfman qui apparaît au grand jour. Ce proche de Justin Trudeau, et trésorier du Parti libéral canadien durant la campagne électorale de 2015, avait des avoirs dans un paradis fiscal.

Des stars du sport et du show-biz

Y figurent aussi des personnalités du sport (Lewis Hamilton) et du show business (Madonna et Bono), ainsi que des oligarques russes et des hommes d’affaires africains.

On y retrouve également les noms de grands groupes mondiaux : Nike, Apple, l’anglo-suisse Glencore (spécialisé dans le négoce, le courtage et l’extraction de matières premières), Uber, Facebook Twitter ou encore Whirlpool.

En Allemagne, certains noms sortent également Deutsche Bank, Sixt, Deutsche Post, Siemens, l’assureur Allianz et la société chimique et pharmaceutique Bayer notamment. On y retrouve également ceux de de l’ancien chancelier Gerhard Schröder ou bien du milliardaire Paul Gauselmann, qui a fait fortune dans les salles de jeux Merkur Spielothek.

En Belgique, ce sont plus de 500 noms mis à jour par les journalistes de “Le Soir”, de “De Tijd” et de “Knack”. Quelles suites aux “Paradise Papers”

En France des noms “de grandes fortunes françaises” sont dans les listes indique “Le Monde” Les 95 médias l’ont promis : de nouvelles révélations seront publiées au cours des prochains jours..

Les documents des “Paradise Papers” devraient dévoiler de nouvelles surprises.