Le refrain se faisait de plus en plus fort : à chaque nouvel index, salariés, fonctionnaires et retraités n’étaient pas si gagnants que cela. Certes, à chaque fois, ils voyaient leur salaire, traitement ou pension augmenter de 2,5%. Mais, en net, la hausse de pouvoir d’achat approchait plutôt 1,7%. Pas de quoi “compenser” donc réellement l’inflation.

La faute à qui? Aux 23 barèmes d’imposition qui, eux, restaient fixes. Autrement dit, compte-tenu des seuils existants, chacun pouvait croire qu’il gagnait plus, mais chacun était souvent plus taxé en passant d’une tranche à l’autre. Et à raison de huit index déclenchés depuis 2017, la “perte” commençait à peser lourd dans les budgets des familles.

Visiblement, OGBL, LCGB et CGFP ont bien fait de réclamer une révision au gouvernement car ils ont été entendus. Pas entièrement certes, mais suffisamment pour enterrer la hache de guerre et signer la clause principale de la tripartite du 3 mars dernier.

Plus simple, plus rapide

Avec effet rétroactif au 1er janvier 2023, l’administration fiscale va donc fixer pour tous, résidents comme frontaliers, un crédit d’impôt. Une somme ajoutée donc chaque mois, et qui permettra d’atteindre l’effet attendu de rattrapage en net de +2,5% d’un index. « Pour cette année, le rattrapage portera sur l’équivalent de deux tranches indiciaires (soit un peu plus que 5%) », rappelle Sylvain Hoffmann, directeur de la Chambre des salariés.

Le choix du crédit d’impôt était la solution la plus simple et rapide à pouvoir être mettre en place pour l’administration fiscale luxembourgeoise. A quand le premier effet visible? Pour l’instant, la ministre des Finances n’avance aucune date. Mais le crédit apparaîtra bien sur les prochaines fiches de paie ou relevé de pension en tenant compte des mois passés depuis le début de cette année.

« Une certitude, c’est bien pour les salariés en classe d’impôt 1 dont les revenus tournent autour des 50.000€ brut/an que le dispositif sera le plus “payant”», assure Sylvain Hoffmann. A ce niveau de rémunération, par exemple, le “bénéfice” du crédit d’impôt pourrait être de 450 euros pour l’année 2023.

Voilà de quoi notamment faire avaler la disparition, fin mars, du Crédit d’impôt énergie… En attendant, d’ici peu, le ministère des finances publiera le détail des allégements fiscaux à venir en fonction de ses revenus. Mais pour le budget de l’Etat, Yuriko Backes a déjà estimé l’impact de chaque relèvement de seuil, de l’ordre de 120 millions d’euros en moins pour les finances publiques

Patrick Dury (LCGB), Nora Back (OGBL) et Romain Wolff (CGFP) demandaient le rattrapage de 8 index, ils auront été entendus pour 4,5.

Pour 2024, la messe est aussi déjà dite. « Ce sera une adaptation systématique des barèmes d’imposition à hauteur de 2,5 tranches indiciaires (les seuils remonteront donc de 6,4%) », poursuit le directeur de la Chambre des salariés. Et cela même si pour l’instant un seul index reste envisagé l’an prochain.

Pour reprendre la base de calcul cité en exemple (50.000€/an brut), l’allégement fiscal passera à 550 euros pour l’année.

Yuriko Backes a donc su faire entendre ses arguments pour éviter qu’une adaptation systématique des seuils d’imposition n’entre en vigueur dès maintenant. Quelques jours avant la tripartite, la ministre libérale (DP) s’y était dite peu favorable. Mais nul doute que la question figurera à l’ordre du jour de la campagne des législatives de cette fin d’année. Chaque parti pouvant marquer sa différence sur le sujet.

 

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