La publication de l’article «Frontaliers français, vous risquez gros», paru le 18 février 2019 sur lesfrontalier.lu, a suscité de nombreuses réactions chez nos confrères, mais aussi chez les syndicats et autres économistes.

Pour rappel le texte ratifié le 14 février 2019 par l’Assemblée nationale française, avait pour but « d’éviter les doubles impositions et de prévenir l’évasion et la fraude fiscale en matière d’impôts sur le revenu ».

Quel est le système d’imposition actuel ?

Le système actuel prévoit que la double imposition est évitée selon le système dit du « taux effectif ». En pratique, le salarié doit déclarer en France le montant de son salaire sous déduction des charges sociales et des impôts payés à Luxembourg.

La règle du « taux effectif » est modifiée dans la nouvelle convention franco-luxembourgeoise et remplacée par une nouvelle méthode dite du crédit d’impôt.

En pratique, cela conduit le salarié à déclarer en France le salaire luxembourgeois net de charges sociales luxembourgeoises comme si le revenu était imposable en France. L’impôt français qui en résulte donne droit en contrepartie à l’octroi d’un crédit d’impôt*.

La nouvelle convention prévoit deux méthodes de calcul ?

Selon Maître Arnaud Freulet, avocat, la convention prévoit deux méthodes pour calculer le montant du crédit d’impôt qui est égal selon les différents cas, soit à l’impôt luxembourgeois correspondant au revenu, soit à l’impôt français correspond à l’impôt français.

Selon toute vraisemblance, les revenus salariés devraient ouvrir droit à un crédit d’impôt égal à l’impôt français, de sorte qu’il ne devrait pas y avoir d’impôt supplémentaire à payer en France.

Cela étant, il persiste des incertitudes pour les revenus de salaires de source luxembourgeoise qui ne sont pas effectivement soumis à l’impôt luxembourgeois. Cela concerne par exemple les heures supplémentaires qui sont exonérées d’impôt, les tickets restaurant, les chèques cadeaux,…

Selon la convention, le crédit d’impôt égal à l’impôt français n’est octroyé qu’à la condition que le revenu correspondant a été effectivement soumis à l’impôt à Luxembourg.

Si l’on s’en tient à une lecture littérale de la convention, cela voudrait dire que les revenus salariés exonérés à Luxembourg seraient imposables en France et n’ouvriraient pas droit à l’octroi d’un crédit d’impôt égal ni à l’impôt français ni à l’impôt luxembourgeois.

On comprend mieux les craintes relayées actuellement dont Monsieur Patrick Van Landeghem, expert fiscal a été le premier à se faire l’écho.

N.B Cette convention fiscale franco-luxembourgeoise, doit encore être signée par la Chambre des députés au Luxembourg

* Explications complémentaires et plus familières : Quand le contribuable déclare ses revenus luxembourgeois en France, ceux-ci servent à calculer le taux effectif, comprenez le taux d’imposition que va appliquer la France. Celui-ci sera appliqué uniquement sur les revenus français. Dans ce cas, quand on parle de crédit d’impôt, on entend par là que la France ne réimpose pas les revenus issus du Luxembourg et accorde donc un crédit d’impôt.

Vous pourrez en savoir plus dans la 6ème édition du Guide des Impôts à paraitre début mars sur www.guidedesimpots.lu.

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