La concertation publique autour du projet d’A31bis est terminée. Elle aura duré 74 jours, permis la tenue de 14 événements sur le Nord mosellan (débats, rencontres sur les marchés) et abouti au dépôt de plus de 700 avis sur le site internet dédié. Mais, comme au terme d’un combat de boxe disputé jusqu’au dernier round, difficile de désigner lequel des 4 tracés en “compétition” va gagner. Mais il y aura un “vainqueur” au final…

Car même si plusieurs projets d’aménagement discutés ces dernières années ont fini dans l’impasse (prolongement de la VR52, A32…), cette fois le préfet de la Moselle entend « prendre ses responsabilités ». Autrement dit : annoncer le tracé qui lui semble plus pertinent que les autres. Laurent Touvet le fera même si, tout au long de cette concertation, de nombreuses voix ont réclamé l’abandon de cette « solution 100% routière », « d’un autre temps ».

Cet avis sera ensuite transmis à Clément Beaune. Le ministre des transports ayant le dernier mot sur le tracé final du futur contournement Ouest de Thionville et le passage à 2×3 voies de la portion d’autoroute allant du Nord de Thionville à la frontière luxembourgeoise. Deux chantiers distincts et que l’Etat confiera à un opérateur privé. Quand le fera-t-il ? Contrairement à ce qui avait été annoncé, il semble que le ministre n’ait pas de délais à respecter. A l’été au mieux, plus tard au besoin…

Gain de temps limité

De toute façon, l’A31bis est un dossier au long cours. Aussi lent à se conclure que les bouchons qui impactent la vie de milliers de frontaliers lorrains chaque jour… “Au mieux”, les travaux débuteraient à l’horizon 2027 pour une entrée en service (péage inclus) en 2035.

Désolé donc pour les usagers quotidiens qui espéraient une solution plus rapide : il leur faudra patienter ou… en finir avec leur job au Luxembourg. Sachant qu’au mieux, une fois l’un ou l’autre des tracés en place, le gain de temps ne serait pas non plus flagrant. On parle de moins de 10 minutes de gagné “au mieux” entre frontière et échangeur de Richemont.

Le préfet de la Moselle l'avait reconnu d'emblée, à l'heure d'ouvrir la concertation fin novembre : « Il n'y aura pas de bonne solution ». Mais nombreux ont été les collectifs, ONG ou associations à l'encourager à ne pas choisir la pire à leurs yeux. Et ce sont surtout des voix de Florangeois qui se sont faites entendre.

Il est vrai que sur les 4 tracés présentés, trois variantes concernent directement la commune de Florange. Et c'est bien sur ces lignes F4 et F5 que les pro-contournement focalisent leurs regards. Et chacune apportera son lot de nuisances, d'impact sur l'environnement, le patrimoine, le bâti...

Le tracé de la discorde

Les maires de Florange et Fameck font cause commune pour la variante F5 avec tunnel profond. Idem pour le maire de Thionville et président de l'agglomération Portes-de-France. Un choix assumé par Rémy Dick, Michel Liebgott et Pierre Cuny malgré les reproches évoqués, notés, criés parfois sur ce « tracé assassin » de bien des riverains.

Cet investissement impliquerait notamment le percement d'un tunnel de 1,2 km de long. Mais il faudrait financer l'extraction d'un volume trés important de terres polluées du sous-sol de la cokerie de Séremange (à démonter car sur le parcours). Résultat, la plus élevée des factures et... le coût de péage donc le plus élevé. A croire que cette variante n'est agitée que pour faire avaler la pilule "moins amère" (et moitié moins coûteuse) de sa petite sœur, la F5 avec tunnel de surface. Qui vivra, verra...

 

Le coût de ce tracé avec "tunnel profond" traversant Florange est estimé entre 530 et 640 m€.

Pour l'heure, Laurent Touvet ne dit mot de son choix. Le haut-fonctionnaire reconnaissant juste avoir « entendu beaucoup d'opposition à l'A31bis, sur le péage, l'impact humain, les expropriations, les inquiétudes sur la santé, la biodiversité... ».

Tout comme le préfet, même après des années d'études sur ce projet, avoue que plusieurs points « méritent des précisions». Il en est ainsi de la place des échangeurs reliant l'ancien tracé de l'A31 au contournement Ouest, de la voie réservée éventuellement aux bus et au covoiturage, d'une possible modulation des tarifs de péage en fonction des horaires de la journée, etc.

Mais rien par contre sur une possible accélération des investissements publics sur d'autres alternatives de déplacements. Des choix, « autres que des kilomètres de macadam » qui assureraient une meilleure fluidité de la mobilité localement : plus de trains pour les navetteurs frontaliers, incitation au ferroutage pour les poids-lourds, encouragement au covoiturage, accroissement du trafic marchandises par voie fluviale, développement de P+R, démarrage de nouvelles lignes de bus, mise en place d'une écotaxe pour les camions traversant la Lorraine n'auront été évoqués que par... tous les autres participants au débat. Mais motus de la part du représentant de l'Etat.

 

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