On savait que les trajets domicile-travail étaient souvent stressants. Surtout pour les milliers de frontaliers qui se rendent chaque jour au Luxembourg.

On supposait aussi que le caractère imprévisible de ces déplacements était une source supplémentaire de stress. Et qu’il engendrait souvent plus de tensions que la durée ou la distance du déplacement même, allant parfois jusqu’à accroître les risques de burn-out.

En 2016, Securex avait tenté d’en savoir plus sur cette imprévisibilité, qui empoisonne tant nos trajets domicile-travail, et sur ses effets sur la santé. Le spécialiste des ressources humaines avait pour cela mené une enquête sur la thématique, auprès d’un échantillon de 3.402 travailleurs. 950 d’entre eux avaient réagi à l’enquête. 850 avaient complété le questionnaire jusqu’au bout.

Plus d’un navetteur sur quatre stressé par les trajets

Plus d’un répondant sur quatre (27 %) déclare que ses déplacements domicile-travail sont source de stress, selon l’étude. Ce sont surtout les navetteurs utilisant leur voiture qui éprouvent le plus de tension pendant leur trajet (31 %). Tandis que ceux recourant aux transports en commun sont moins nombreux à ressentir ce stress, tout comme ceux se rendant au travail à pied, à vélo ou en combinant les moyens de transport.

L’imprévisibilité rajoute du stress au stress…

Pour plus lus d’un sondé sur cinq, la durée du déplacement domicile-travail est imprévisible. C’est essentiellement le cas de ceux effectuant leur trajet en voiture. “Si auparavant, partir plus tard au travail offrait encore une solution, les routes sont aujourd’hui souvent déjà engorgées aux heures creuses à cause de travaux, des conditions climatiques ou tout simplement parce que le nombre de voitures et de camions sur la route ne cesse d’augmenter,” estime Hermina Van Coillie, HR Research Expert chez Securex.

Sans surprise, les embouteillages sont la première cause d’imprévisibilité. Et c’est précisément cette imprévisibilité qui est source de stress. Non seulement chez les conducteurs dont la durée du trajet est prévisible (21%), mais aussi chez ceux dont le temps de déplacement est imprévisible (61%), souligne l’étude.

Pire, ce stress généré par les trajets imprévisibles impacte le bien-être mental des navetteurs pour le reste de la journée. Ces derniers sont en effet plus sujets au stress en général (65 % contre 43 %), et présentent plus de symptômes de burn-out (13 % contre 6 %).

… Pour les usagers du train aussi

Les navetteurs qui utilisent les transports en commun ne sont pas pour autant épargnés : eux aussi ressentent les effets de l’imprévisibilité, et stressent tout autant face aux imprévus que sont les grèves, les problèmes techniques ou les retards.

Cette imprévisibilité intensifie la pression morale ressentie pendant le trajet : “45 % des usagers des transports en commun dont le trajet est imprévisible ressentent du stress sur le chemin du travail, contre seulement 21 % pour les voyageurs dont le trajet est prévisible. Les personnes sujettes à ce type de stress ressentent aussi plus de stress général (58 % contre 38 %),” précise l’étude.

Le trajet peut parfois détendre

Cette dernière livre par ailleurs une conclusion surprenante : selon ses auteurs, près de la moitié des travailleurs déclare avoir besoin de son trajet domicile-travail pour se détendre, et profite de ce temps imposé pour décompresser. “La manière dont les travailleurs se déplacent entre leur domicile et leur lieu de travail doit de préférence rester un choix individuel. Imposer les abonnements de train ou les vélos de société ne conviendra pas forcément à tout le monde,” constate Hermina Van Coillie.

Aussi, cette dernière suggère aux employeurs de proposer une palette de solutions parmi lesquelles le travailleur pourra lui-même faire son choix en fonction de son trajet et de ses besoins personnels. “En effet, si pour certains travailleurs, passer une heure en voiture est une perspective très pesante, pour d’autres, ce moment peut constituer un sas mental de ‘déconnexion,” conclut-elle.