Le week-end dernier, Gérard Collomb, le ministre français de l’Intérieur, annonçait la privatisation des contrôles de vitesse des automobilistes, dans un entretien aux médias régionaux du groupe Ebra (Groupe Est Républicain).

L’objectif mis en avant : permettre aux policiers et gendarmes de se concentrer sur leurs missions de sécurité et d’enquête. Une solution qu’il juge “pertinente”. Seuls, les aspects matériels du contrôle de vitesse seront confiés à des sociétés extérieures. Les forces de l’ordre resteront toutefois en charge de la verbalisation.

Réduire le nombre d’accidents

La démarche vise aussi à diminuer le nombre des accidents sur route dus à une vitesse excessive ou inadaptée. Selon l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière, 3.477 personnes ont perdu la vie dans un accident de la route, en France métropolitaine en 2016. Ce sont 16 décès de plus qu’en 2015.

Le nombre de personnes blessées sur les routes augmente de 2,6%, soit 72.645 personnes blessées dans 57.522 accidents corporels (+1,6%). 27.187 de ces personnes ont dû être hospitalisées (+2,2% par rapport à 2015) parmi lesquelles beaucoup garderont des séquelles graves“, rapporte l’organisme gouvernemental.

Un gain pour l’État ?

Selon une note publiée par la Cour des comptes en mai dernier, les radars utilisés pour les contrôle de vitesse, aux feux rouges et aux passages à niveaux, ont rapporté quelque 920 millions d’euros à l’État l’année dernière, 131 millions de plus qu’en 2015.

L’annonce du ministre français de l’Intérieur a fait l’objet d’un accueil partagé. Certains groupements d’automobilistes comme 40 millions d’automobilistes, qui a lancé une pétition en ligne, ont rapidement dénoncé une démarche destinée à “faire de l’argent.

Une logique de rentabilité à tout prix”, qui pourrait rapporter à l’État quelque “2 milliards d’euros supplémentaires chaque année, estime une autre association. Pour d’autres, telle la Ligue contre la violence routière, “le déploiement de voitures banalisées est une solution adaptée“, estime Chantal Perrichon, sa présidente.

Français réticents

En mars 2016, l’institut de sondages Harris Interactive avait interrogé les Français à ce sujet. À l’époque, 83 % des personnes interrogées estimaient que ce serait une mauvaise chose de confier la gestion des radars mobiles à des sociétés privées“. Et 86% d’entre eux pensaient qu’”une gestion privée aurait un effet pervers majeur, et inciterait les sociétés concernées à réaliser des contrôles aux endroits où elles ont le plus de chances de constater des infractions, pas forcément dans un objectif de sécurité routière”.