Il vient de célébrer son « quart de siècle », il achève seulement ses études ou démarre sa vie professionnelle, il est bercé par les « storys » des copains sur Instagram.

Il se voit tantôt fermier dans un complexe australien, destination prisée des jeunes francophones, tantôt gérant de son bar en bord de mer.

Il rêve de se lancer dans un road trip où il tutoiera le sommet du Machu Picchu au Pérou, traversera les rizières de Bali, s’envolera en montgolfière à Cappadocce et conduira une vieille Buick à Cuba.

Le tout, pour calmer ses angoisses et évacuer ses doutes quant à son avenir et son évolution dans la vie active.

Deux tiers des 25-33 ans touchés

Le jeune adulte d’aujourd’hui traverse une crise, la crise dite du « quart de vie. » Deux tiers des 25-33 ans en sont touchés selon une étude britannique relayée par Les Inrockuptibles.

Derrière les sourires sur les photos de profil Facebook, se cache en réalité une génération Y en proie à une crise existentielle. Déçue de ne pas avoir assez parcouru le monde durant ses années étudiantes, de ne pas avoir réalisé ces choses « qu’il faut faire au moins une fois dans sa vie », oppressée par la conjoncture.

Une époque où il faut tôt savoir ce qu’elle veut vraiment faire, au risque d’erreurs de parcours plus difficilement compensables qu’au temps de leurs aînés, où s’épanouir dans son travail, quand elle en a, apparaît comme plus aléatoire.

“Une contradiction très forte”

Selon l’enquête, réalisée selon les données disponibles sur Linkedin, 43% des individus dans la tranche d’âge en question n’ont aucune certitude sur leur envie professionnelle et 30% d’entre eux regrettent d’avoir trop tard découvert leur âme baroudeuse.

Pour le professeur Olivier Robinson, à la tête de la recherche, “ce n’est pas facile d’être un jeune adulte en 2018. Le marché de l’emploi est assez inaccessible pour la plupart d’entre eux, les prix des locations et des logements sont élevés. Il y a également une contradiction très forte entre toutes les choses « qu’il faut réaliser » au moins une fois dans sa vie, et les pressions plus raisonnables qui poussent à être calme et heureux.”

Les répercussions de l’hyperconnectivité

Extrêmement connectés, omniprésents sur les réseaux sociaux, les jeunes gens en subissent le retour de bâton. Rarement dans l’instant présent, “constamment pressés par toutes les nouvelles inventions qui devaient nous permettre de gagner du temps” et au beau milieu “d’un concours constant de popularité”, ils perdent parfois les pédales.

Remises en cause profondes, dépressions ou reconversions résultent parfois de ce laps de temps déboussolant, de onze mois en général selon M. Robinson.

Un voyage personnel qui s’avère toutefois constructif et duquel on revient “plus complet et plus mature” malgré l’instabilité émotionnelle rencontrée.

Alors pas de bêtises, et si l’anxiété devient trop étouffante, mieux vaut relativiser, dialoguer… ou partir prendre l’air.