La hausse des prix de l’immobilier au Luxembourg est la conséquence de l’impressionnant développement économique et démographique du pays. L’on pourrait s’en réjouir… si l’on ne craignait pas que le Luxembourg soit la première victime de son succès.

Une population grandissante à loger

Pour continuer à faire prospérer son économie, le Grand-Duché a besoin d’entreprises et surtout de compétences toujours plus nombreuses. Pour subvenir au besoin de croissance, on importe des talents en nombre.

Cependant, les difficultés d’accès au logement pourraient bien constituer prochainement un frein conséquent à l’attractivité du pays et à son développement. L’idée que les résidents d’aujourd’hui deviennent les frontaliers de demain ne réjouit en outre personne.

Le fait de s’éloigner du Luxembourg pour trouver un logement décent ne ferait en effet que renforcer les problèmes de circulation déjà mal vécus par beaucoup chaque jour.

Considérant cette croissance démographique, comment permettre à chacun de se loger, de surcroît à un prix raisonnable ?

Dans des cages à poules ?

Alors que le gouvernement s’échine pour que l’offre en logements rattrape la demande, un autre phénomène est à l’oeuvre : celui de la densification de l’habitat.

Si le prix moyen d’un logement au Luxembourg augmente de manière significative (on parle d’une croissance de 6 à 7 % par an), la taille moyenne de chacun d’eux se réduit sensiblement.

On paie donc plus cher des logements plus petits. La pression sur le foncier est telle que les promoteurs, pour s’y retrouver, ont tendance à proposer des logements de plus en plus exigus.

La densification de l’habitat, dans le contexte actuel, semble inévitable. Elle répond aussi à des enjeux environnementaux.

Un immeuble résidentiel est moins énergivore qu’une maison quatre façades. La concentration de la population permet de limiter les déplacements en voiture, à condition, évidemment, de parvenir à mettre en oeuvre une bonne mixité de fonctions à l’échelle des quartiers et de proposer des accès aisés aux solutions de transport public.

Des gratte-ciels à Luxembourg ?

Dans ce contexte, beaucoup d’acteurs de l’immobilier trouveraient opportun de permettre de construire davantage en hauteur. Les promoteurs, en effet, pourraient mieux valoriser le foncier.

Son impact sur le prix des logements, plus nombreux pour un même nombre de mètres carrés occupés au sol, serait moindre. Le gouvernement précédent, ayant conscience du caractère exigu de ce territoire luxembourgeois ô combien attractif, avait déjà annoncé réfléchir aux différentes manières d’utiliser intelligemment l’espace disponible.

La possibilité de construire plus haut avait été évoquée et l’est désormais de plus en plus. « Il faut densifier là où cela se justifie, en préservant la cohérence de nos lieux de vie », tempère Sam Tanson, ministre du Logement.

Si l’on construit davantage en hauteur, ce sera prioritairement en ville. Et l’on ne devrait pas voir de sitôt des gratte-ciels définir la skyline de Luxembourg. Le projet Infinity, qui se développe actuellement au Kirchberg, accueillera des appartements au sein d’une tour de 25 étages. Ce sera sans nul doute l’une des plus hautes structures résidentielles de la capitale.

Notons que la structure comptera aussi des espaces de bureau ainsi que des commerces. « Il faut permettre de construire en hauteur là où cela est possible, où cela fait du sens, poursuit Sam Tanson. Il ne s’agit en effet pas de reproduire certaines erreurs, comme ce fut le cas en France il y a quelques années. Il faut avant tout veiller à maintenir un cadre de vie agréable, garantir une réelle mixité sociale et une bonne complémentarité de fonctions. »
Pas de gratte-ciels donc, ni de HLM.

Sébastien Lambotte

(Article publié dans le numéro 94 d’Entreprises Magazine, Mars/Avril2019)

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