« Le meilleur déchet est encore celui que l’on ne produit pas ». Cet adage, qui sonne comme une piqûre de rappel au Luxembourg s’apparente en France à un véritable sermon. Et pour cause : dans un rapport publié mardi 27 septembre, la Cour des Comptes française étrille les politiques publiques de gestion des déchets ménagers.

Campagnes de prévention insuffisantes pour sensibiliser l’opinion, part d’incinération encore trop importante (35 % des déchets des ménages sont encore brûlés aujourd’hui dans l’Hexagone) ou encore taux de recyclage bien trop faible (44 %, contre 47 % pour la moyenne européenne) : les mauvaises habitudes persistent en France et si la volonté est là, les faits, eux, se font encore attendre.

Le Luxembourg, « poubelle d’or » de la production de déchets

Si la France est critiquée pour être en retard sur ses objectifs de réduction et de valorisation de déchets, elle n’est pourtant pas le pays à en produire le plus par habitant. Et pour cause, dans la Grande Région la palme d’or (ou plutôt la « poubelle d’or » en l’occurrence) revient au Luxembourg avec 790 kg de déchets par an et par habitant.

Un nombre impressionnant et loin d’être flatteur que révélait Eurostat, l’Office statistique de l’Union européenne en février dernier (se basant sur les dernières données disponibles datant de 2020). Dans ce classement, seul le Danemark faisait mieux (ou pire, c’est selon), avec 845 kg de déchets ménagers produits annuellement par habitant.

Chez nos voisins, les chiffres varient : entre 632 kg pour un Allemand, 537 kg pour un Français et « seulement » 416 kg pour un Belge, sachant que la moyenne européenne se situe à 505 kg. Eurostat précisait par ailleurs que dans la Grande Région, seule la Belgique avait vu le poids de déchets générés par habitant diminuer depuis 1995 (-9 %).

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Savoir recycler : le vrai enjeu

Qu’un pays produise beaucoup de déchets est une chose, qu’il sache les transformer en « ressources » en les recyclant à une large échelle en est une autre, beaucoup plus décisive.

Et à ce petit jeu, le Luxembourg, bien que deuxième producteur européen de déchets par habitant, n’est pas le plus mauvais élève, contrairement justement à la France. Au Grand-Duché, 418 kg de déchets sur les 790 kg produits annuellement par individu ont pu être recyclés en 2020, soit tout de même 53 %.

En France, si les sages de la Cour des Comptes estiment que près de 80 % du contenu de la poubelle noire (ou grise ou mauve, selon les régions) destinée aux ordures ménagères pourraient faire l’objet d’une valorisation, les résultats sont loin des attentes avec un taux de recyclage compris seulement entre 42 et 44 %.

« L’objectif français de réduire de 15 % la production de déchets d’ici 2030 pourrait être atteignable, mais seulement si ceux-ci étaient davantage triés et orientés vers des filières de traitement. Or, à l’heure actuelle, ils sont pour l’essentiel incinérés ou mis en décharge », regrettent les auteurs du rapport de la Cour.

Avec un taux de recyclage de ses déchets de 54 %, la Belgique fait bien mieux que la France mais reste toutefois en deçà du voisin d’outre-Rhin : l’Allemagne affiche en effet fièrement un taux de recyclage de 67 % (toujours d’après les dernières données disponibles de 2020).

Évolution des mentalités, changement des habitudes, efforts redoublés des pouvoirs publics… quels que soient les leviers d’intervention, la marge de progression reste en tout cas encore importante.

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