C’est tout de même un comble. Alors que se pose avec insistance la question d’un démantèlement de Google, géant omniprésent entré dans le langage courant et dans la vie de milliards de gens, voilà que Bercy lui dépose un cadeau sous le sapin. 

Le site de la Direction générale des finances publiques (DGFIP), sur lequel les Français peuvent faire leur déclaration fiscale, oblige en effet les contribuables à visionner une vidéo hébergée sur Youtube. Noël avant l’heure !

Dans le contexte de l’affaire Cambridge Analytica, la compagnie sous le feu des projecteurs pour avoir « volé » des millions d’informations sur les profils Facebook, le procédé fait tâche. Toute proportion gardée bien sûr.

Des traqueurs capables de connaître la navigation de l’internaute

Le fait est qu’en hébergeant le contenu à visionner sur la plateforme Youtube, filiale de Google, l’Etat français permet à… Google de collecter des données sur les internautes.

Le principe du visuel, plutôt bien réalisé, consiste à expliquer aux Français comment fonctionnera le futur prélèvement des impôts à la source, à l’image de ce qui est pratiqué au Luxembourg.

Problème, le lien comporte des traqueurs qui captent les informations des usagers pour être utilisées à des fins publicitaires. Le tout donc, avec l’aval du gouvernement.

Il en résulte que Google est en mesure de connaître la navigation antérieure et ultérieure à la déclaration d’impôts des contribuables.

60 secondes de visionnage obligatoire

Pour l’heure, la vidéo comptabilise plus de 4,7 millions de vues même si nombreuses sont des doublons : tant que l’utilisateur ne l’a pas regardé au moins soixante secondes, elle lui est suggérée indéfiniment.

Celles et ceux qui ont tenté d’y échapper en réactualisant la page ou en essayant via un autre ordinateur ont donc dû s’y astreindre à plusieurs reprises.

Le site NextINpact, spécialisé dans l’informatique et les nouvelles technologies, qui a mis le sujet sur la place publique, pointe justement « l’efficacité » prônée par les administrations au détriment des droits citoyens.

Et appelle la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) à se montrer plus ferme à l’avenir et aux services de l’Etat à se servir de relais de diffusion maison, sans traqueur et avec un niveau plus élevé de confidentialité. 

Depuis la médiatisation du sujet et les nombreuses plaintes des internautes, la DGFIP n’exige désormais plus que cinq secondes de visionnage automatique.