Il était temps que l’on se revoit”, a salué le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel. C’était une première depuis 40 ans mais aussi une première dans la forme.

La veille, M. Bettel avait déjà renseigné sur les contours de la future coopération transfrontalière. “Je ne veux pas payer les décorations de Noël du maire de la commune frontalière, badinait-il ainsi, pince-sans-rire. Notre économie profite de l’accès à un réservoir de main d’œuvre bien formée et le marché du travail français et notamment lorrain en profite aussi”, a-t-il souligné, qualifiant cette entente de « gagnant-gagnant. »

10 millions prévus pour des P+R

Jamais le couple franco-luxembourgeois ne s’était retrouvé en tête-à-tête dans “un séminaire intergouvernemental au niveau des Premiers ministres. Celui-ci a permis de rehausser le niveau déjà très élevé et très denses de nos relations”, a d’abord embrayé le chef du gouvernement français, Edouard Philippe lors de la conférence de presse donnée conjointement avec son homologue luxembourgeois, mardi.

Dans leur allocution, les deux hommes ont affiché leur volonté d’améliorer le quotidien des bientôt 100.000 frontaliers français en investissant chacun 120 millions d’euros.

110 millions sont prévus pour l’améliortaion de la capacité et la modernisation du rail et 10 millions sont prévus pour des P+R à Longwy, à Thionville mais aussi sur l’A31 pour le co-voiturage“, a détaillé François Bausch, le ministre du Développement durable et des Infrastructures, au micro du Wort.

Neuf trains par heure aux heures de pointe

M. Philippe a précisé la teneur des travaux menés par les délégations des deux voisins. Ainsi, il a été décidé que ces derniers financeraient “conjointement et à parité”, l’amélioration des infrastructures de transport, ferroviaires comme routières. “Les flux se densifient et il est urgent d’agir.” 

Plus précisément, pour y remédier, les représentants ont annoncé une augmentation du cadencement des TER. “Elle sera multipliée par 2,5 ce qui signifie que neuf trains par heure et par sens circuleront aux heures de pointe entre nos deux pays”, a précisé M. Bettel.

Les quais de la gare de Thionville seront en outre élargis. 

Un bus toutes les trois minutes et des P+R

Côté chaussée, “il sera bientôt possible de prendre un car toutes les trois minutes en heures de pointe, soit potentiellement 4.000 personnes transportées par jour”, a-t-il poursuivi. 5minutes évoque “la possible création d’une voie dédiée aux transports en commun en lieu et place de la bande d’arrêt d’urgence existante” en attente de l’évolution du chantier d’A31 bis. 

De 3.000 à 5.000 places devraient être disponibles grâce à la sortie de terre de parking-relais (P+R) tandis que le co-voiturage sera davantage encouragé. “Aujourd’hui, on sait qu’il y a 1,1 personne par voiture. Ce n’est pas assez.” Pas de précision toutefois quant à la manière dont le partage de véhicules serait appuyé. Ni de certitude sur le nombre réel de places de parking supplémentaires. 

Pas sûr que cela ne suffise à convaincre les élus locaux. Dans Le Quotidien, Patrick Luxembourger, maire de la commune de Terville, a déploré “des solutions sans rapport avec la réalité. C’est une grande victoire pour la diplomatie luxembourgeoise… et une occasion historique de perdue pour un meilleur codéveloppement. Sur le long terme, nous y perdrons tous.

Accord pour l’échange d’étudiants

Les discussions ont par ailleurs porté sur la fiscalité avec la signature d’une nouvelle convention en vue d’éviter les doubles impositions (dont le premier accord datait de 1958) et de prévenir l’évasion et la fraude en matière d’impôts sur le revenu et sur la fortune. Il n’y aura donc pas de “retour sur l’impôt sur le revenu”, comme soulevé en fin de semaine passée. 

Ajouté à cela, un point sur la sécurisation des emplois en télétravail, dont le seuil de 29 jours par an, s’appliquera aux frontaliers français.

La concorde ciblera aussi le domaine de l’éducation dans le but de favoriser l’échange d’étudiants, notamment dans le domaine médical, ainsi que dans l’apprentissage.

La centrale de Cattenom toujours sujet de discorde

Enfin, Xavier Bettel a réaffirmé l’importance capitale que revête la langue française pour le Grand-Duché, tout comme l’allemand.

D’où de probables futures associations dans le secteur de l’audiovisuel avec TV5 Monde et Arte pour contribuer à la diffusion de la culture luxembourgeoise.

Un point d’achoppement néanmoins, le cas de la centrale nucléaire de Cattenom. Xavier Bettel n’a pas caché « sa crainte sur un sujet qui nous tient à cœur. »

Il s’est par ailleurs dit prêt à participer à un projet commun et notamment à la création, en coopération avec l’Allemagne « du plus grand parc à énergie renouvelable », en vue d’une reconversion des réacteurs souhaitée par le Luxembourg.

Un sujet de discorde auquel Edouard Philippe n’a pas réagi.