La devise européenne a dépassé 1,14 dollar. La hausse de l’euro resserre de facto les conditions financières et ajoute à la pression sur la Banque centrale européenne, qui se réunit ce jeudi 12 février 2020.

Problème : un euro fort rend les entreprises européennes exportatrices moins compétitives. C’est aussi une forme de resserrement des conditions financières dans la zone euro.

Signaux déflationnistes

« La baisse des cours pétroliers est déflationniste et affecte davantage la zone euro », soulignent les analystes change de HSBC. L’appréciation de la devise européenne contre le dollar fait mécaniquement baisser la facture pétrolière (libellée en dollar), alors que les cours de l’or noir s’effondrent par ailleurs.

L’indicateur le plus surveillé historiquement par la Banque centrale européenne (BCE) – le « 5 ans dans 5 ans » – qui mesure les anticipations d’inflation par les marchés est au plus bas de son histoire, à 0,95 %.

Même pendant les crises précédentes, celle de la zone euro et celle des subprimes, cet indicateur n’avait pas atteint de tels niveaux.

La récession grandit

La BCE s’est battue contre la menace de déflation en dégainant les taux à 0 %, en les abaissant ensuite en territoire négatif et en lançant le programme d’achats de titres le 9 mars 2015, il y a exactement 5 ans. Les attentes de nouvelles mesures sont donc très fortes avant la réunion de la BCE ce jeudi. Et ce d’autant que l’hypothèse d’une récession grandit.

Si la réaction de la Banque centrale européenne est aussi tant attendue c’est parce que la hausse de l’euro contre le dollar est le résultat de l’action de la Réserve fédérale américaine : celle-ci a abaissé, par surpris, son taux directeur de 50 points de base la semaine passée.

Les opérateurs de marché parient sur un nouveau geste fort lors de sa réunion du 18 mars 2020. D’où la nette dépréciation du billet vert des derniers jours.

L’indice dollar (le dollar contre les devises des principaux partenaires commerciaux) glisse sous 95 points (-1,03%), son niveau d’octobre 2018.

Il évoluait autour de 100 points le 20 février. A cette date, l’euro valait 1,07 dollar et les stratégistes commençaient à anticiper une parité de 1 ou pour 1 entre la devise européenne et le billet vert. Tout a changé depuis.

(Article : Le journal Les Echos -Isabelle Couet)

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