Chaque année, le Luxembourg “consomme” l’équivalent de 240 terrains de football pour assurer sa croissance. Entendez, 180 hectares pris sur la nature pour développer nouveaux habitats, lieux de loisirs, sites industriels, infrastructures de circulation. Un rythme intenable quand, comme le Grand-Duché, votre pays se borne à 2.586 km².

C’est en tous cas le message que souhaite faire entendre le ministre Claude Turmes en charge de l’aménagement du territoire. Le développement du Grand-Duché ne peut se faire en dévorant toujours plus de terrains vierges jusqu’alors. C’est tout le sens d’ailleurs du nouveau Plan directeur (PDAT) que le ministre écologiste défend pour les années 2035-2050.

Et si la question est « de la plus grande importance » pour lui, c’est qu’il juge la « consommation de sol extrêmement élevée ». Il faut d’autant plus en avoir conscience que le Luxembourg est en plein développement.

Vers une “croissance durable”

Les projections démographiques parlent d’une population de 826.000 habitants d’ici dix ans (contre 661.000 aujourd’hui), dépassant le million de citoyens même en 2050. Un pays dont l’élan économique va continuer aussi à mobiliser de plus en plus d’actifs. Le marché de l’emploi doit ainsi gonfler des 479.000 actuels à 614.000 employés en 2035 puis 764.000 à la moitié de ce siècle. Avec alors 382.000 frontaliers attendus contre environ 220.000 actuellement.

Où loger, où faire travailler autant de monde? Voilà un des défis posés à l’Etat et aux communes. Aux yeux de Claude Turmes, une “croissance durable” est possible. Selon le Plan directeur d’aménagement qu’il défend, d’ici douze ans, le Luxembourg pourrait se contenter d’engloutir de l’ordre de 90 hectares de nouvelles terres “seulement” (0,25 ha par jour).

Pour ce faire, l’urbanisme doit adopter de nouveaux réflexes. Avec des constructions « là où cela fait sens », des zones d’activités plus polyvalentes dans ce qu’elles peuvent accueillir (elles comptent pour 456 ha actuellement). Mais le ministre insiste aussi sur un meilleur réemploi des friches industrielles.

Une réflexion transfrontalière

A l’image de ce qui se fait à Esch-sur-Alzette (avec le nouveau quartier Rout Lëns), avec ce qui est entrepris à Dudelange avec le projet d’écoquartier NeiSchmelz (et ses 3.600 habitants attendus). Là où la sidérurgie prenait de la place, l’habitat peut refaire sur face. Et ce n’est là qu’un exemple de ce qui peut être entrepris pour reconquérir d’abord des “dents creuses”, des terrains délaissés avant de s’accaparer d’autres surfaces utiles à la biodiversité notamment.

Pour Claude Turmes, la réflexion sur l’aménagement du territoire ne peut également plus se faire en vase clôt. Le Luxembourg doit avoir une vision transfrontalière. Le pays doit notamment se pencher sur huit “aires fonctionnelles” à ses portes. Justement ces communes où la population active compte déjà de nombreux salariés effectuant la navette entre leur pays et le Grand-Duché.

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