Le dossier commence à faire grand bruit et pourrait prendre une tournure plus politique encore dans les semaines à venir. Déjà évoqué sur lesfrontaliers.lu, le projet de carrière sur le ban d’Audun-le-Tiche, entériné fin 2017 après une première interdiction en 2015, réunit de plus en plus de contestataires parmi lesquels des élus, la population locale, des frontaliers et des associations.

Mercredi dernier, le quatuor composé de « Non à la Carrière » de Villerupt, « Non à la Carrière » d’Audun-le-Tiche, « Empreinte positive » de Rédange et « Forum Citoyen » d’Audun-le-Tiche, a annoncé publiquement se regrouper en collectif. Et ce, “afin de rendre encore plus tangible, leur volonté commune, profonde et inébranlable de mettre tout en œuvre pour que le projet de carrière à Audun-le-Tiche, soit définitivement abandonné.

En tout, ce collectif dénombre une vingtaine d’opposants dont des syndicats (l’OGBL en fait partie), les maires d’Aumetz, de Villerupt, d’Errouville, de Crusnes, de Thil, de Brehain-la-ville, et de Maxeville ainsi que le président de la Communauté de Commune du Pays Haut Val d’Alzette. “Nous comptons aussi sur le soutien du sénateur Olivier Jacquin et du député Xavier Paluszkiewicz“, précise Viviane Fattorelli, élue d’opposition à Audun-le-Tiche.

Pollution des sols et saturation de la RD 16

Le projet du groupe COGESUD, via sa société Les Carrières de l’Est, est d’extraire la pierre calcaire en sous-sol et d’y enfouir des déchets internes.

Outre les craintes quant à la pollution des sols et les nuisances sonores engendrées par l’extraction (des tirs d’explosifs sont prévus trois fois par semaine), le chantier perturbera le trafic de la RD 16, la route liant l’A 30 à Belval. “L’A 31 et la RD 16 sont déjà saturées. De plus en plus de travailleurs, au départ de Thionville et même de Richemont, empruntent ce passage, réagit Viviane Fattorelli, également membre du « Forum citoyen ». Entre 6h et 9h du matin, c’est la folie, une catastrophe. Ces dernières années, le trafic a augmenté de 30% sur cette portion.”

Le fait est que la circulation serait momentanément interrompue au moment des tirs d’explosifs et que la rotation des camions congestionnerait encore davantage un tronçon déjà surchargé. Mme Fattorelli parle “d’une centaine de camions par jour” qui traverseraient le centre-ville d’Audun-le-Tiche.

Pétition en ligne et actions prévues

Depuis que l’autorisation d’exploitation a été accordée, un comité de pilotage entre réfractaires se réunit tous les mercredis pour s’accorder sur les moyens à mettre en œuvre.

Alors qu’ont déjà été organisées trois réunions publiques, “qui ont rameuté beaucoup de monde puisque la population n’était pas informée”, qu’une pétition a été mise en ligne avec un relai croissant sur les réseaux sociaux, le communiqué précise que “d’autres interventions en cours de finalisation, sont prévues et leurs moyens seront adaptés au contexte du moment.” « Nous entrons en phase d’action », poursuit Viviane Fattorelli.

Le 18 février, les élus anti-carrière se donneront rendez-vous sur le site pour manifester, en bonne et due forme, avec pancartes et bannières.

Une contestation portée devant le gouvernement

Par ailleurs, alors qu’un recours a été déposé en justice, le conseil municipal de Villerupt a voté fin janvier, une première en France, l’installation d’une zone à défendre (ZAD), à l’instar de sa célèbre prédécesseure à Notre-Dame-des-Landes. “Notre collectif n’évoque pas une telle action pour l’instant, temporise la représentante, qui ajoute qu’un vote du Conseil communautaire sur la carrière devrait intervenir fin février. Cinq élus sont contre et trois pour.

Cette semaine, les arguments des protestataires devraient être portés devant le ministère de l’Ecologie. Affaire à suivre.