Langue luxembourgeoise : “Je prône la coexistence et non pas l’exclusivité”
Publié
par
CaptainListe
le 17/11/2016 à 09:11

Il y a quelques semaines, la pétition publique (n°698) qui réclamait que le luxembourgeois devienne la première langue du pays a remporté plus de 14.000 signatures (Langue luxembourgeoise : les débats sont lancés !). Un vrai succès !
Dans le même temps, une seconde pétition avait été mise en ligne sur le site de la Chambre des Députés, qui à l’inverse de la première, prônait le “Non” à la langue luxembourgeoise comme première langue. Même si le nombre de signatures progresse rapidement, la pétition n’a pas encore atteint les 4.500 nécessaires à l’organisation d’un débat public. Voir la pétition n°725.
Les débats sont ainsi toujours en cours, afin de connaître la place que doit avoir la langue luxembourgeoise dans la société.
“Le Luxembourg est un pays trilingue”
Afin d’avoir le point de vue d’une personne en contact direct avec cette problématique, Lesfrontaliers.lu a demandé au linguiste Jérôme Lulling, enseignant de luxembourgeois pour la Ville de Luxembourg, ce qu’il pensait de cette idée de faire de la langue luxembourgeoise, la première langue du pays.
“Le terme « première langue » me gêne” nous explique d’emblée Monsieur Lulling. Pour lui, “le Luxembourg est un pays trilingue“. Il comprend cependant les objectifs de cette pétition, car même si la loi actuelle donne au luxembourgeois le statut de langue nationale, le Luxembourg ne fait pas assez pour “mériter ce label“.
Pour l’enseignant, “les données démographiques, mais également le paysage médiatique luxembourgeois ont beaucoup changé ces dernières années. Les informations sont disséminées de façon si rapide et en quantité telles que cela réduit la vision de tous au solipsisme, à un repli sur soi-même. Un sentiment d’aliénation qui s’installe et voilà que resurgit l’éternel thème du “Mir wëlle bleiwe wat mir sinn” – nous voulons rester ce que nous sommes. Je dois avouer que moi aussi j’ai du mal à m’imaginer le Luxembourg sans langue luxembourgeoise. Mais je prône la coexistence et non pas l’exclusivité“.
Il craint ainsi qu’une telle pétition n’enlise le Luxembourg dans “les méandres obscurs d’un purisme étriqué et obsessionnel“.
Une revalorisation du luxembourgeois aurait pourtant des avantages
Cela dit, donner plus d’importance au luxembourgeois, permettrait une “revalorisation” de la langue “à tous les niveaux“.
Ainsi, pour Jérôme Lulling, cela aurait tout d’abord des avantages au niveau du système scolaire.
Le nombre d’heures consacrées au luxembourgeois pourrait ainsi être augmenté dans les écoles primaires, les lycées, mais aussi dans la formation des adultes.
La langue pourrait être rendue plus accessible, grâce à “l’élaboration d’outils pédagogiques” qui pourraient, par exemple, “être basés sur une approche contrastive entre le luxembourgeois, le français et l’allemand (…)” qui “s’intéresserait surtout aux différences des langues en contact dans une situation de plurilinguisme“.
Il pourrait également y avoir des formations à l’Ifen (Institut de formation de l’éducation nationale), de plus grandes perspectives de carrière pour les enseignants de luxembourgeois ou encore un enseignement plus poussé dans les établissements scolaires de la Grande Région.
Au niveau des médias cette fois, Monsieur Lulling explique qu’il pourrait très bien y avoir une “augmentation de la visibilité” de la langue, avec “beaucoup plus d’articles en luxembourgeois dans la presse écrite et en ligne. Et pourquoi pas un journal gratuit distribué en langue luxembourgeoise ? Avec entre autres l’horoscope, la météo, des blagues et des mots croisés en langue luxembourgeoise“.
Enfin, au niveau de la linguistique informatique, cela permettrait d’élaborer des logiciels “de plus en plus performants, comme par exemple un correcteur grammatical ou des logiciels de synthèse et de reconnaissance vocale“.
Pour résumer les propos de Monsieur Lulling, si le luxembourgeois mérite d’avoir une plus grande place et d’être revalorisé au sein de la société grand-ducale, il ne faut pas non plus que le pays se ferme. Il faut faire en sorte que les trois langues du pays puissent coexister.
Jérôme Lulling, Docteur-ès-lettres, est enseignant de luxembourgeois pour la Ville de Luxembourg (formation des adultes). Il a publié toute une gamme de produits pédagogiques pour apprendre le luxembourgeois. Plus d’informations sur son site : www.bonjour.lu.
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Robindeslois
Bonjour à tous,
La langue luxembourgeoise doit être encouragée dans le cadre du multilinguisme. Mais ce serait une erreur de vouloir en faire la première, voire la seule langue officielle dans l'administration, la législation et la justice, comme le souhaite l'auteur de la pétition n° 698. Surtout que cette pétition est utilisée par certaines personnes à des fins nationalistes et xénophobes.
L'auteur de la seconde pétition (n°725) au contraire, appelle à la tolérance et au respect mutuel.
Un débat contradictoire sur cette question me semble nécessaire.
C'est la raison pour laquelle je vous invite tous à signer cette pétition (en cliquant sur le lien ci-dessus dans l'article).
Francais du Lux
Bonjour amis de tous pays, bonjour amis Luxembourgeois.
Mes enfants parlent couramment "Luxembourgeois, Allemand, Anglais de mère, Français de moi".
Dans quelques années, mon petit fils parlera en plus " Portugais"si si... bien qu'ils aient tous beaucoup de chance, ça commence à faire beaucoup pour un petit pays!
Il nous faut donc une langue commune à tous! et moi, Français du Lux je choisis le Français.... parce que moi c'est moi et toi tais toi... épicétout!
Bonne journée du Kirchberg.
iso9002
En Belgique, le Wallon est en train de se perdre. De même en Lorraine avec le Platt. Ni les wallons, ni les lorrains n'en font un caca nerveux.
L'identité par la langue, c'est une forme de nationalisme. Pour rester politiquement correct, on dira "un repli sur soi".