Depuis un peu plus de deux ans, des espaces d’un nouveau genre, appelés coliving, fleurissent aux quatre coins du monde. Si San Francisco, New York et Londres figurent parmi les métropoles pionnières en la matière, le concept commence à se développer à nos frontières, en France et en Allemagne notamment.

Une solution hybride

Savant mélange entre colocation et coworking, le coliving offre à ses occupants à la fois un lieu de vie privatif meublé – une chambre, une salle de bains et une cuisine personnelles selon les cas – et un espace de travail partagé, inspirant, muni de tous les équipements nécessaires.

En ce sens, le coliving pourrait s’apparenter aux résidences universitaires, aux colocations et aux salles de coworking que nous connaissons déjà. Mais plus qu’une réponse financière aux loyers élevés de certaines villes, le coliving propose une véritable expérience communautaire.

Les immeubles de coliving abritent en effet des zones de détente communes telles qu’une terrasse, un jardin, une salle de sport, un cinéma ou une bibliothèque.

Ils intègrent aussi de nombreux services haut de gamme destinés à faciliter le quotidien de leurs habitants : ménage, blanchisserie, conciergerie, livraison de courses, coaching sportif, vélos…

Les résidents peuvent ainsi mieux se consacrer à leur projet professionnel ou à leurs loisirs.

Parallèlement, afin de booster la créativité des colivers, des conférences et ateliers sont régulièrement organisés.

Utiliser plutôt que posséder

Parce qu’il mêle logement, lieux de travail et de détente, le coliving modifie notre façon de vivre au quotidien et ouvre le champ des possibles pour tous les acteurs du marché immobilier : promoteurs, investisseurs, architectes…

Avec le coliving, on ne possède plus une maison ou un appartement. On le loue pour une durée limitée et on le partage, au profit d’une économie plus durable, d’une offre de services mieux adaptée aux besoins et d’un mode de vie plus communautaire, qui permet de créer de la valeur ensemble.

WeWork, le géant américain du coworking a bien compris ce potentiel. Outre ses 300 bureaux présents dans 62 villes du globe, il dispose depuis peu de deux espaces de coliving à New York et Arlington. Plus près de chez nous, à Paris, Hacker- House a développé plusieurs maisons de ce style.

Aujourd’hui, le coliving séduit principalement les travailleurs indépendants de la génération Y. Freelances, créateurs de start-up et artistes y trouvent la flexibilité, le lien social et l’émulation qu’ils recherchent. Souvent nomades, ces jeunes actifs peuvent choisir de rester quelques semaines ou quelques mois dans ces habitats partagés et participatifs.

L’avenir du logement ?

Parce qu’il permet de travailler depuis chez soi, le coliving contribue à réduire les problématiques de mobilité rencontrées dans de nombreuses grandes villes. En offrant également des lieux de vie et de travail communs, il limite l’isolement des travailleurs indépendants et valorise les relations humaines.

Enfin, dans la mesure où il réduit les espaces privatifs à leur strict minimum, il constitue une réponse efficace à la crise du logement que connaissent certaines régions urbanisées.

Sans prétendre être bon marché, le coliving offre des solutions plus économiques qu’une location classique de logement et de bureau. Il faut ainsi compter 270 euros par semaine pour vivre cette expérience à Londres. A Paris, pour loger et travailler dans une des quatre HackerHouses, l’occupant devra débourser entre 560 et 800 euros par mois. Le coliving permet aussi de réaliser des économies de temps, en supprimant les heures passées chaque jour dans les transports.

Aucun projet majeur de coliving ne semble actuellement en cours de réalisation au Luxembourg. Pourtant, le pays dispose de tous les atouts nécessaires pour se développer sur ce marché porteur : une forte densité de population, une importante demande en logement, des prix de l’immobilier qui s’envolent, un formidable réseau de travailleurs indépendants et de jeunes pousses ainsi qu’une population venant du monde entier, parfois seulement pour quelques semaines.

Nul doute que certains acteurs devraient donc très prochainement investir ce créneau.

 

Jeanne Renauld

(Article publié dans le numéro 88 d’Entreprises Magazine, Mars/Avril2018.)

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