A Luxembourg, la chasse est ouverte. Pas dans les bois, mais bien dans les rues. La cible : les colonies de corbeaux freux. L’arme : pas le fusil, mais… la tronçonneuse plutôt. En effet, pour se débarrasser de ces passereaux envahissants, impossible de tuer, juste de… déloger. Aussi, les hommes du Services des parcs de la capitale ne cesse d’élaguer les grands arbres où les volatiles ont pris leurs habitudes.

De “sales” habitudes à voir les fientes qui parsèment les trottoirs et véhicules à l’aplomb des branches et des nids où les couples de corbeaux résisdent. Sans même parler des nuisances sonores occasionnés par les coassements des oiseaux. Anecdotique ? Pas tant que cela. Il est ici question de concentration impressionnante parfois : 174 nids recensés Boulevard Cahen, 175 du côté de Gasperich, etc.

Depuis fin janvier, la Ville a entrepris une vaste opération de rabattage des cimes et d’enlèvements des nids. Cela en respect avec le Plan de gestion pour gérer “au mieux” cette population évaluée entre 600 et 1.000 couples nicheurs (soit 1 corbeau freux pour 600 habitants !). Mais si les interventions ont ravi de nombreux riverains, elle a offusqué certains.

L’oiseau est… malin

Car, comme l’a rappelé cet été déjà le ministère de l’Environnement aux élus de Luxembourg : « Il est interdit de tuer les corbeaux freux, de les capturer, de les perturber notamment durant les périodes de reproduction, de dépendance, d’hibernation et de migration ou  encore de détériorer leurs sites de reproduction ou leurs aires de repos ».

Ces limitations (valables à l’échelle européenne en réalité) autorisent toutefois certaines dérogations. Celles-ci concernent des « endroits publics de rencontre comme près des cours d’écoles, des aires de jeux ou des terrasses avec restauration ». Lieux ciblés donc prioritairement par les services communaux mais qui demandent l’accord au cas par cas du ministère de l’Environnement.

Sauf que l’oiseau est malin… Délogé ici, il retrouve vite un habitat là. Et ses préférences vont désormais nettement au milieu urbain, à défaut de trouver dans la nature environnante un cadre de vie idéal. Cycle infernal donc.

Pour le ministère dirigée par Joelle Werlfring pas question de négliger le problème. Mais, rappelle l’administration, le corbeau freux n’a pas que des défauts. Le voilà même auréolé d’un rôle de « police sanitaire ».

En effet, omnivore, l’oiseau se nourrit de graines, de fruits mais aussi de petits rongeurs ou de déchets alimentaires. Donc le charognard « remplit une fonction importante dans l’écosystème ». En mangeant des invertébrés, il contribuerait au contrôle de ces populations ; en se nourrissant de plantes sauvages, il en évite la propagation.

Aussi, le ministère de l’Environnement entend veiller sur une « cohabitation respectueuse » entre riverains et corbeaux freux. Et cela passe par certains gestes simples :

  • Utiliser des poubelles à couvercle et fermer les couvercles des poubelles situées à l’extérieur ;
  • Couvrir les installations de compostage afin que les corbeaux n’y aient pas accès ;
  • Ne pas nourrir les corbeaux, ni d’autres animaux sauvages intentionnellement ou involontairement ;
  • Ne pas laisser des restes de nourriture exposés à l’extérieur ;
  • Ne pas jeter des restes de nourriture dans la nature ou l’espace commun.

Reste que le “pire” n’est peut-être pas passé encore. En effet, le corbeau freux n’est jamais aussi bruyant que pendant sa période de reproduction et de naissance. Soit de mars à juin… Courage à ses voisins !

Thionville bataille aussi

En janvier, la capitale de Moselle-Nord a elle aussi eu maille à partir avec des colonies de volatiles. Une invasion d’étourneaux “polluant” le centre-ville de Thionville en piaillements et déjections. Là, l’envahissement concernait plusieurs milliers de petits oiseaux.

L’arme retenue cette fois a été… l’effaroucheur sonore. En imitant les cris du rapace, l’appareil a effrayé les volatiles. Se sentant menacés par un prédateur invisible, les étourneaux ont préféré plier bagages quittant les environs de la Place de la Liberté où ils étaient massivement réunis.

Et si la Ville a choisi de lutter contre ces petits “piafs” ce n’est pas seulement pour satisfaire les riverains. En effet, le nettoyage des tapis de fientes sur les trottoirs au pied des arbres ou détériorant le matériel urbain a un coût pour la collectivité.

 

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