Le Grand-Duché semble bien vouloir faire du bien-être animal un cheval de bataille. Mercredi, le gouvernement a mis son veto à la prochaine édition de la Dogexpo prévue en septembre. Motif : « les problèmes relatifs au bien-être animal détectés lors des dernières éditions. » Pour réitérer cette exposition, les organisateurs sont en outre sommés de « présenter un concept réunissant les conditions de santé et de bien-être animal. »

Entre septembre 2017 et avril dernier, les contrôleurs avaient secouru neuf chiens, soit étouffant dans une voiture au soleil, soit affamés et privés d’eau. Des procès ont été intentés à l’encontre des propriétaires, qui ont écopé de fortes amendes.

Ce mois-ci, sous l’impulsion du ministre de l’Agriculture, Fernand Etgen, le pays s’est doté d’une législation interdisant les « fur farms » soit les élevages de bêtes pour leur fourrure. Si aucun établissement de ce type n’existe actuellement sur le territoire, il n’y a donc plus de risque d’en voir un sortir de terre.

Le Luxembourg devient ainsi le dixième pays de l’Union européenne à entériner un texte de cet acabit, qui entrera en vigueur dès novembre. Une avancée dont se sont félicitées les organisations de défenses des animaux, Peta et Fur Free Alliance. A noter que la précédente loi n’avait pas été remodelée depuis 30 ans.

 

Coupe des oreilles et des queues de chiens interdite

La nouvelle déontologie introduit une notion de dignité à l’animal et une sorte d’assistance à animal en danger : « tout animal souffrant, blessé, ou en danger doit être secouru dans la mesure du possible », précise ainsi le texte de loi.

La maltraitance envers un animal peut désormais constituer un délit passible de maximum 200.000 euros d’amende et de trois ans d’emprisonnement. Peut également être décidée la fermeture sans délai d’une enseigne dont les pratiques s’avèrent non-conformes.

Les détenteurs d’animaux sont par ailleurs tenus d’éviter tout ce qui pourrait causer angoisses, dommages ou lésions. Et ce, que ces blessures résultent de coups, de carences alimentaires, de délaissement ou d’un environnement non approprié : le texte évoque « l’éclairage, la température, le degré d’humidité, la ventilation, la circulation d’air et les autres conditions ambiantes du logement. » La coupe des oreilles et des queues de chien, la détention et/ou l’expositions de canidés amputés est désormais interdite.

Une plateforme informative a, dans la foulée de l’acceptation du texte, été mise en ligne pour conscientiser le grand public sur cette évolution des mœurs.

La vente de fourrure toujours possible

En outre, M. Etgen ajoute que le Luxembourg fait figure de précurseur européen dans l’interdiction de mises à mort des animaux à des fins économiques, « tels que la destruction de poussins mâles « inutiles » dans le contexte d’élevages industriels de poules pondeuses ou encore de veaux mâles issus de vaches laitières. » Un commentaire qui fait écho au gazage de 20.000 poussins asphyxiés en plein soleil sur le tarmac de l’aéroport de Bruxelles en mai dernier.

Le Grand-Duché rejoint les régions wallone et de Bruxelles en Belgique qui ont adopté des mesures similaires en 2014 tandis que des élevages de fourrures, notamment de vison, sont autorisés en France.

Si le Luxembourg compte faire évoluer complètement les mentalités, il devra désormais s’attaquer à la vente de fourrures, que la loi n’entrave pas. Une pétition a déjà circulé en ce sens et a récolté suffisamment de voix pour être débattue à la Chambre des députés.