Au gré des élargissements successifs de l’Union Européenne depuis sa création, les représentants des citoyens au sein des instances se sont régulièrement prononcés sur le statut des langues.

Aussi diverses qu’il n’y a d’Etats membres, à savoir 28, elles symbolisent l’un des marqueurs identitaires les plus importants. Après tout, quel autre attribut caractérise mieux l’empreinte culturelle d’un peuple que le language ?

24 langues pour 28 Etats membres

A ce jour, l’UE reconnaît 24 dialectes officielles en son sein. Du bulgare à l’estonien en passant par le finnois. Le principe étant que chaque citoyen puisse à la fois être informé et acteur de l’évolution de la législation dans son pays, et par extension, en principe toujours, dans l’Union. Et ce, sans avoir à assimilier une langue étrangère.

Ainsi, tous les textes supranationaux (émanant d’une instance européenne et s’appliquant dans les Etats membres) sont traduits en langues locales tandis que le Parlement Européen se porte garant du multilinguisme lors de ses sessions parlementaires.

Le maltais et le gaélique dans la liste des langues officielles

Quatre pays ne sont donc, à première vue, pas égalitairement représentés à l’échelle continentale. En réalité, il n’y en a qu’un seul : le Luxembourg.

La Belgique communique en français et en néerlandais, deux langues inscrites à la liste officielle. Idem pour l’Autriche et Chypre, qui conversent respectivement en allemand et en grec (et en turc pour une partie des Chypriotes mais la Turquie n’est pas un Etat membre).

Pourquoi donc le Luxembourg, pourtant membre fondateur de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) et de la Communauté économique européenne (CEE), ancêtres de l’UE actuelle, ne bénéficie-t-il pas du même traitement que les autres ?

L’interrogation est d’autant plus légitime que le Grand-Duché accueille pas moins de dix établissements communautaires et que des idiomes comme le maltais ou le gaélique, qui dénombrent peu de locuteurs, ont acquis le statut suprême.

Pour une reconnaissance sur les réseaux sociaux

La raison est double. D’abord, les textes de loi au Luxembourg sont rédigés en français. La traduction en luxembourgeois nécessiterait des dépenses importantes alors que, depuis l’origine, les Luxembourgeois sont capables de parler deux langues officielles (le français et l’allemand).

Ensuite, ce pragmatisme, cette capacité d’adaption et cette volonté de simplication, vaut au Luxembourg, le deuxième plus petit pays de l’UE, une réputation de médiateur et un grand respect parmi les membres.

D’ailleurs, dans le paysage politique grand-ducal, seul le Parti alternatif et démocratique de réformes (ADR) milite pour une reconnaissance du dialecte au niveau européen.

A contrario, si la population semble désintéressée par le débat, elle serait en revanche encline à ce que les réseaux sociaux, Facebook en tête, introduisent l’option linguistique “Lëtzebuergesch” dans ses paramètres. Internet, par son accès toujours plus vaste, constitue un potentiel indéniable à la diffusion culturelle.

En tout état de cause, le reconnaissance au niveau européen n’aurait qu’un impact assez faible en termes de notoriété et d’expression culturelle, pour un coût relativement éléve. Autrement dit, le jeu n’en vaut pas la chandelle.