+32,01 cts en Belgique, +34,171 cts en France, +18,6 cts en Allemagne (moyennes nationales relevées par la Commission européenne).

Force est de constater, via le différentiel du prix du diesel entre le Luxembourg et ses trois voisins (au 14/01/2019), que le pays demeure ultra compétitif lorsqu’il s’agit de faire le plein.

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L’écart (à la même date) est certes moins significatif pour le SP 95 mais il n’en demeure pas moins conséquent : +16,03 cts en Belgique, +24,1 cts en Allemagne et surtout +30,878 cts en France.

Et même si les prix pratiqués dans les régions frontalières du Grand-Duché peuvent être légèrement différents, cela n’entame en rien son attractivité en la matière.

Le tournant de 2016

A cet égard, deux députés, MM. Mars di Bartolomeo et Georges Engel, ont interpellé le ministre de l’Energie, Claude Turmes, quant à savoir si le différentiel des prix des carburants avait influé sur les ventes des trois dernières années.

Dans une réponse parlementaire, M. Turmes leur a rétorqué par la négative. « Les ventes de carburant sont tributaires de tout un ensemble de facteurs, dont notamment les différentiels de prix pompe mais aussi la conjoncture économique, l’évolution de la population (active et résidente), les remboursements applicables à certaines catégories de clients professionnels dans certains pays. Sans analyse approfondie, il est impossible de conclure à l’influence des différentiels de prix pompes sur les ventes de carburants au cours des dernières 3 années. »

Pourtant, on observe, via les données du Statec, que la hausse des livraisons brutes annuelles en gazole et en SP 95 coïncide avec le moment où l’écart des prix à la pompe entre les quatre pays s’est creusé. Et le tournant correspond à 2016.

L’écart du prix du SP 95 s’est réduit en Belgique, à l’inverse de la France

Avant cela, le Luxembourg présentait déjà des tarifs plus avantageux sur les carburants mais de façon nettement moins significative.

Par exemple, un litre de diesel se vendait plus ou moins 12 centimes plus cher en France qu’au pays en 2014. Trois ans plus tard, le prix avait doublé. Le constat est identique du côté de la Belgique : +17 cts en 2014, +15 cts en 2015 puis +/-18 cts en 2016.

Seule l’Allemagne maintient un écart stable : +15 cts en 2015, +16 cts en 2018.

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Les tendances ont, en revanche, pris une trajectoire inverse concernant le prix de commercialisation du SP 95 en Belgique et en France. Le premier nommé a vu sa marge se réduire (23 cts en 2014, +/- 17 cts en 2018), à l’inverse du second (+19 cts en 2014, +28 cts en 2018).

Cancre européen

En somme, le « tourisme à la pompe », manne financière substantielle pour le pays, est toujours une réalité.

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Et ce, alors qu’il entre en contradiction avec les objectifs écologiques que le Luxembourg entend poursuivre et qu’il s’est engagé à atteindre auprès de l’Europe. « Le Luxembourg n’atteindra ses objectifs fixés au niveau européen dans le domaine de la protection du climat que sous condition d’un renforcement des mesures à court terme dans le domaine de la vente et de l’exportation des carburants », conclut le ministre de l’Energie.

Justement, un récent rapport d’Eurostat vient corroborer les propos de M. Turmes. Parmi les pays européens, le Grand-Duché fait partie des cancres quant à la part d’énergie consommée d’origine verte. Alors qu’il s’était fixé l’ambition de 11 % pour 2017, il n’en était qu’à 6,4 %.

Pas sûr que la minime progression des tarifs prévue par le gouvernement n’enraye le phénomène.

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