Ce portrait avait été publié en mai 2018. Des internautes nous ont écrit pour le relire…

Quand Stéphanie* a rencontré Paul, elle travaillait comme assistante dans un cabinet comptable à Thionville (Moselle). Lui travaillait aussi à Thionville, dans une société de fournitures de pièces automobiles comme préparateur comptoir depuis deux ans, pour un salaire d’environ 1.100 euros net par mois pour 35 heures par semaine.

Un poste au Grand-Duché du Luxembourg et un salaire presque doublé

Il a cherché en vain un poste de commercial avec son BTS de vente, en France. C’est au Luxembourg, à Esch-Sur-Alzette, qu’il trouve enfin une société qui lui offre sa chance comme vendeur en magasin, toujours dans le secteur de l’automobile. Son salaire presque doublé, le couple décide un an plus tard de se marier et d’acheter une petite maison à rénover dans la région de Longwy en 2009.

Fin 2010, après avoir été sédentaire à 40h par semaine, le patron de Paul lui propose de devenir commercial B to B. Une promotion acceptée immédiatement. Un salaire fixe identique, mais des commissions sur les ventes et une voiture de fonction. Très motivé et très bon commercial, Paul parcourt tout le pays à la rencontre de ses clients et ne compte plus ses heures.

Une vie de famille avec son quotidien commence…

En 2012, le premier enfant du couple voit le jour. Stéphanie continue son emploi à plein temps. Elle raconte : « Je le déposais chez la nourrice à 7h30 pour être à l’heure à 8h30 à mon travail et je le récupérais le soir vers 17h30. Et ça commençait : quelques minutes pour les câlins, l’heure du bain puis la préparation du repas pour la famille. A plusieurs reprises dans la semaine, quand Paul rentrait après 20h, le petit était déjà endormi dans son lit ».

En 2015, le couple très uni, décide de faire un deuxième enfant qui naîtra en décembre. L’idée était de scolariser le premier pour aussi avoir une meilleure organisation.

L’année 2016 fût particulièrement difficile. Il a fallu revoir toute l’organisation, et Stéphanie a demandé un temps partiel. « Le mercredi sera une journée entière pour ses enfants », pense-t-elle à l’époque.

Cette impression d’en faire beaucoup seule

Aujourd’hui, quand elle analyse son quotidien, elle constate indiscutablement qu’elle gère pratiquement tout. «J’ai l’impression de m’occuper de tout : les enfants,  l’école, les médecins, les achats divers de vêtements ou autres, les activités périscolaires, les invitations aux anniversaires… c’est pour moi ! Les courses, les repas, les papiers à remplir, les paiements des factures, appeler les réparateurs pour les pannes, c’est pour moi aussi ».

Paul, fait ce qu’il peut le week-end surtout pour la maison, malgré une vraie fatigue accumulée durant la semaine. Il aime beaucoup son travail et c’est ce qui compte pour elle. Ils savent aussi tous les deux, qu’il serait difficile de trouver les mêmes conditions salariales en France. Paul gagne en moyenne 3.500 € net par mois, en plus des avantages comme la voiture…

Mais certains soirs, quand Stéphanie a fini les devoirs, les bains, les lessives, le repas et reçoit un appel de Paul encore coincé sur la route ou qui doit repasser au bureau finaliser une commande, elle se dit que son mari lui manque, même s’il rentre tous les soirs, toujours heureux de retrouver sa famille. « Je sais qu’il apprécie que tout soit fait quand il rentre et qu’il ne doit pas commencer à s’occuper des taches quotidiennes. Par contre, parfois je me demande s’il se rend vraiment compte du boulot que ça représente ? » Dit-elle un peu en colère.

Quand on lui demande pourquoi elle travaille toujours au cabinet comptable à plus de 40 km de chez elle, elle répond : « J’aime avoir une activité professionnelle. J’en ai besoin pour aussi voir autre chose. Et puis, j’y ai mes habitudes et mes collègues sont devenus mes amis ».

* Le prénom a été modifié

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