Jean-Claude Juncker, capitaine du navire Europe ? C’est ce que le président de la Commission européenne a tenu à réaffirmer. Pour cela, il n’a pas hésité à faire appel aux métaphores maritimes, pour dresser son bilan à la tête de l’exécutif de l’UE.

Une reprise économique qui se fait sentir

Pour ce dernier, loin d’être galère, la situation paraît sous contrôle. Côté économie, les “vents sont favorables” a-t-il précisé : “Dix ans après le déclenchement de la crise, l’Europe connaît enfin un rebond économique. Nous entrons à présent dans la cinquième année d’une reprise économique qui se fait enfin sentir dans chacun des États membres“.

Un optimisme que l’ancien premier ministre du Luxembourg a justifié : “Un chômage au plus bas depuis 9 ans, 8 millions d’emplois créés depuis le début du mandat de la Commission, et un plan d’investissement pour l’Europe, qui a généré 225 milliards d’euros d’investissements, accordé des prêts à plus de 445.000 petites entreprises et à plus de 270 projets d’infrastructure“, a-t-il détaillé.

En réalité les institutions de l’Europe ont joué leur rôle en contribuant à faire en sorte que le vent tourne“, s’est-il félicité. Toujours dans le registre nautique, il a conclu son bilan par une note optimiste : “Tout cela m’incite à y croire: l’Europe a de nouveau le vent en poupe. De nouvelles opportunités s’ouvrent à nous, mais elles ne resteront pas ouvertes éternellement. Mettons cet élan à profit, profitons de ces vents favorables“.

Pour une Union de valeurs, plus forte, plus unie

Le président de la Commission européenne a ensuite plaidé pour une Union de valeurs : “Pour moi, l’Europe est un projet plus vaste que le marché unique, la monnaie, l’euro. Elle a toujours été une question de valeurs, a-t-il insisté. Etre attaché aux mêmes valeurs, nous apporte un sentiment d’appartenance. L’Europe repose sur trois principes fondamentaux, que nous devons toujours défendre et promouvoir: la liberté, l’égalité et l’état de droit.”

Il a poursuivi en prônant une Union plus égalitaire : “Il ne peut y avoir de citoyens de seconde classe : Il est inacceptable qu’en 2017, des enfants meurent encore de maladies qui auraient dû être éradiquées depuis longtemps en Europe“, a-t-il martelé. “Il ne peut y avoir de travailleurs de seconde classe”, a-t-il poursuivi. “Ceux qui font le même travail, sur un même lieu, doivent toucher le même salaire“.

Il a également proposé la création d’une autorité commune, contrôlant la mise en oeuvre partout dans l’UE des dispositions encadrant le recours aux travailleurs détachés, aujourd’hui accusées de favoriser le dumping social.

La démocratie européenne mérite mieux

Egalité pour les consommateurs aussi :”Il ne peut y avoir de consommateurs de seconde classe. Je n’accepterai pas que dans certaines régions d’Europe, les gens se voient proposer des produits alimentaires de moindre qualité que dans d’autres pays, sous des marques et des emballages pourtant identiques”.

“La démocratie européenne mérite mieux, a-t-il poursuivi, avant d’annoncer la mise en place de nouvelles règles sur le financement des partis et des fondations politiques : “Il s’agit de ne pas renflouer les caisses des extrémistes qui sont contre l’Europe. Il s’agit de permettre aux partis européens de mieux pouvoir s’articuler“, a-t-il précisé.

Toujours pour consolider la démocratie au sein de l’UE, le président a annoncé un projet de nouveau code de conduite des commissaires, qui “renforcera les obligations des commissaires en matière d’intégrité, pendant et après leur mandat“.

“Mieux refléter la véritable nature de notre Union”

Jean-Claude Juncker a par ailleurs proposé une fusion des présidences de la Commission européenne et du Conseil européen ; ce dernier réunit les chefs d’État et chefs de gouvernement des 28 États membres de l’Union européenne, sous la tutelle d’un président (actuellement Donald Tusk). Il est chargé d’établir le programme d’action de l’UE.

Le fait d’avoir un seul président refléterait mieux la véritable nature de notre Union européenne, à la fois comme Union d’États et comme Union de citoyens, a-t-il déclaré.Le paysage européen serait plus lisible et plus compréhensible si le navire européen était piloté par un seul capitaine”.

”Brexit – Triste et tragique”

Parmi les autres thèmes évoqués par M. Juncker devant les eurodéputés : la Cybersécurité et le terrorisme : “Les cyberattaques sont parfois plus dangereuses pour la stabilité des démocraties et des économies que les fusils et les chars“, a-t-il prévenu, avant de proposer la création d’une “Agence européenne de cybersécurité, pour mieux nous défendre contre ces attaques“.

Au chapitre migrations, il a indiqué que la Commission présenterait “avant la fin du mois des propositions centrées sur les renvois de migrants irréguliers, sur la solidarité avec l’Afrique et sur l’ouverture de voies de migration légales”. Il a également rendu hommage à l’Italie “qui sauve l’honneur de l’Europe en Méditerranée“.

Concernant le Brexit, M. Juncker a été bref : “Le 29 mars 2019, le Royaume-Uni quittera l’Union européenne. Ce sera un moment à la fois très triste et tragique. Nous le regretterons toujours. Mais nous devons respecter la volonté du peuple britannique. Le 30 mars 2019, nous serons une Union à 27. Je propose que nous nous y préparions bien“.

Pour cela, “nous devons commencer à terminer le travail maintenant. Maintenant qu’il fait beau, et tant qu’il fait encore beau“, a-t-il conclu. “Parce que, quand les prochains nuages se formeront à l’horizon – et ils se formeront –, il aura été trop tard“.

Source photo : EC – Audiovisual Service   /   Photo: Etienne Ansotte