La firme Uber, société mettant en relation des chauffeurs amateurs et des personnes cherchant un véhicule pour une course, a donné son nom au terme « ubérisation », autre dénomination de l’économie du partage.

L’avantage de cette nouvelle forme d’économie est qu’elle permet, la plupart du temps via une plateforme Internet, de réduire les coûts et, donc, de proposer aux consommateurs des offres plus intéressantes et un service mieux adapté.

Aujourd’hui, tout s’« ubérise » : la mobilité, le travail, le logement, l’énergie… Certains secteurs se prêtent toutefois mieux à ce modèle économique que d’autres.

Au Luxembourg, de nombreux services ont déjà été lancés par différentes start-up, même s’il reste des opportunités dans des domaines porteurs.

Partager son parking, une vraie bonne idée

L’un des problèmes récurrents que l’économie du partage pourrait contribuer sinon à régler, du moins à atténuer, c’est bien celui du parking en ville. Tout automobiliste qui a dû un jour trouver une place de parking à Luxembourg a ainsi été confronté au même constat : les places sont rares et il faut soit tourner longtemps pour en trouver une, soit se résoudre à débourser une somme conséquente pour garer son véhicule dans un parking payant.

Pourtant, de nombreuses places de parking privées ne sont utilisées qu’une partie de la journée. Elles restent donc non exploitées le reste du temps, ce qui ne profite ni à leur propriétaire ni aux autres automobilistes qui cherchent désespérément une place.

Voilà une situation qu’une solution « partagée » peut facilement améliorer : il suffit en effet de faire se rencontrer propriétaires de places de parking et automobilistes en recherche d’espaces de stationnement.

C’est précisément ce qu’a mis en place la start-up luxembourgeoise Click’n Park. Sa plateforme en ligne répertorie les places de parking privées que les propriétaires acceptent de sous-louer lorsqu’elles ne sont pas utilisées.

Les automobilistes, eux, se voient proposer ces places libres, en fonction de leur lieu de destination. Simple et efficace, cette initiative est pourtant la seule du genre au Luxembourg.

La mobilité, un débouché de choix pour l’économie du partage

Les solutions partagées ne sont peut-être pas légion en ce qui concerne le stationnement, mais la mobilité au sens large, elle, s’est bien « ubérisée ».

A Luxembourg-Ville, les formules de mobilité partagée sont ainsi diverses et variées. La plus connue est sans doute Vél’oh !, un système qui, à l’instar de ce qui se fait dans bien d’autres capitales, met à disposition des vélos « publics » pour circuler dans la ville.

Installée depuis deux ans à Luxembourg-Ville, Carloh propose par ailleurs des voitures partagées, conventionnelles ou électriques.

Depuis le mois d’avril, la plateforme publique de covoiturage, baptisée Copilote, développée par une filiale de la SNCF, a également débarqué.

Afin de favoriser l’intermodalité, les CFL commencent également à jouer la carte de l’économie du partage avec leur offre Flex. Fonctionnant grâce à une carte sur laquelle on charge une formule d’abonnement adaptée à ses besoins, Flex vous permet de récupérer une voiture à proximité de vingt gares du pays. Sur cette même carte, vous pouvez aussi charger un abonnement de bus, de train, etc. La proposition, lancée fin décembre et qui devrait encore s’étoffer, est pour le moins séduisante.

Mais la mobilité partagée peut aussi consister à emprunter ensemble un seul et même véhicule. C’est ce que propose le Kussbus, une navette qui vient chercher ses passagers à domicile pour les conduire au travail. L’initiative évite à 19 véhicules de circuler, tout en vous permettant de mettre à profit le temps passé dans ce trajet quotidien.

Travail et hébergement, les plus partagés

S’il est bien un domaine où le partage n’est pas une nouveauté, c’est celui du logement. La colocation est en effet une pratique ancienne, qui continue toutefois à avoir un certain succès au Luxembourg, notamment grâce à des plateformes Web comme appartager.lu.

Si on ne présente plus Airbnb, l’un des précurseurs de l’économie du partage, le grand public connaît peut-être moins la plateforme furnished.lu. Celle-ci propose des chambres meublées, en location de courte durée, avec une formule all inclusive (énergie, Internet, assurances, etc.).

Le monde du travail, lui aussi, a rapidement pris le pli de l’économie du partage avec l’éclosion de nombreux espaces de coworking à travers tout le Luxembourg.

La pratique se diversifie aujourd’hui avec des structures comme le Fab Lab, qui met à disposition des outils, souvent coûteux (des imprimantes 3D par exemple), pour modéliser et visualiser ses idées les plus folles.

Partager l’énergie et… les potagers

On l’a dit, le principal avantage de l’économie du partage est de réduire les coûts. L’énergie étant un poste particulièrement coûteux pour n’importe quel ménage, il n’est donc pas étonnant que certains aient pensé à l’appliquer à ce secteur. Ainsi, des coopératives énergétiques ont vu le jour au Grand-Duché de Luxembourg comme, par exemple, Transition Minett (Esch-sur-Alzette) ou EquiEnerCoop (Junglinster).

Le principe est simple. Ces sociétés installent dans un territoire donné des unités de production d’électricité photovoltaïque. Les habitants de ce territoire peuvent alors investir dans ces sociétés et profiter en retour de l’énergie produite, mais aussi des éventuels bénéfices issus de la revente des kW excédentaires produits par l’installation.

Par ailleurs, Transition Minett est également active dans la gestion d’un potager partagé à Esch. Ces initiatives ont aussi le vent en poupe à Luxembourg, où trois jardins du genre existent. Il s’agit de mettre à disposition des personnes intéressées une parcelle de terre à cultiver.

Une démarche à la fois citoyenne (bien manger, manger local, etc.) et sociale (faire des rencontres, apprendre de nouvelles choses, etc.) qui rencontre le succès. Et une manière de montrer que l’économie du partage, ce n’est pas seulement une nouvelle façon de faire de l’argent…

Quentin Deuxant

 

(Article publié dans le numéro 88 d’Entreprises Magazine, Mars/Avril2018.)

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