Appels incessants, conversations des collègues, bruit de l’imprimante au bureau ou des machines en usine… chaque jour les salariés sont soumis malgré eux à des nuisances sonores plus ou moins importantes.

L’institut de sondages français IFOP-JNA a réalisé une enquête sur ce thème à l’occasion de la dernière Semaine de la santé auditive au travail et ce, auprès des salariés de différentes filières professionnelles.

Les métiers du commerce sont les premiers touchés

Reprise notamment sur le site spécialisé Cadremploi.fr, l’étude met avant tout en avant une tendance jusque-là jamais vue : « Contre toute attente, c’est désormais le secteur du commerce qui est le plus impacté par les nuisances sonores, devant (…) l’industrie et le BTP. »

Interrogé par le site d’emploi, Romain Bendavid, directeur de l’expertise corporate et work experience à l’IFOP va même plus loin : « Dans le commerce, qui inclut la réparation d’automobiles, le transport, l’entreposage, l’hébergement et la restauration, 61 % des actifs se plaignent des nuisances sonores, preuve que le problème n’est pas circonscrit aux secteurs déjà connus. »

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Des nuisances plus ou moins pénibles

Quant aux sources de bruit, l’étude/baromètre de l’IFOP a pu les lister par ordre d’importance d’après les réponses des sondés :

  • Les bruits provenant de l’extérieur des locaux de son lieu de travail (35 % des réponses)
  • Les allers et venues de collègues/visiteurs (28 %)
  • Les conversations entre collègues (27 %)
  • Les conversations téléphoniques ou celles en visioconférence (24 %)
  • Le bruit du matériel utilisé comme une imprimante ou un ordinateur (23 %)

Le principe même de l’open space, apparu dans les années 60 et adopté par de très nombreuses entreprises au Luxembourg, jouerait par ailleurs un rôle non négligeable dans l’impression pour l’employé d’être constamment – du moins très régulièrement – perturbé dans son travail par des bruits.

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L’impact du Covid-19

L’arrivée de la pandémie dans nos vies a entraîné, pour la plupart des salariés, des changements majeurs dans leur organisation de travail, à commencer bien sûr par le développement du télétravail. Ce dernier freinerait au demeurant beaucoup d’actifs à plébisciter à nouveau le présentiel…

Sauf avoir des enfants turbulents passant leurs journées à crier à la maison, le télétravail a permis à bon nombre d’actifs de pouvoir évoluer dans un environnement plus calme. « Depuis les confinements successifs, nos oreilles se sont déshabituées au bruit. Le résultat, c’est que nous sommes désormais moins tolérants aux nuisances sonores », poursuit Romain Bendavid de l’IFOP. C’est l’une des raisons principales expliquant cette bascule de 51 % des salariés se disant gênés par le bruit (contre encore 49 % en 2021).

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Que dit la loi ?

Au Luxembourg, le ministère de la Santé rappelle que « les troubles de l’audition sont les pathologies les plus fréquemment et régulièrement détectées par les médecins du travail à l’occasion des visites médicales obligatoires ». Au Grand-Duché comme ailleurs, le bruit est mesuré en décibels (dB). Dans le pays, « le seuil de nocivité se situe à 85 décibels pour une exposition de 8 h ».

En Belgique, la législation se base, entre autres, sur les valeurs limites d’exposition au bruit. Dans le détail, une exposition en-dessous des 80 dB est considérée comme un « simple » problème d’inconfort tandis qu’une exposition au-dessus de 85 dB peut, elle, présenter un risque pour la santé. Il existe également une valeur dite « d’exposition limite », fixée à 87 dB et qui ne doit jamais être dépassée au travail.

En France, les seuils sont identiques comme le rappelle le ministère du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion : « Le seuil de danger au-delà duquel des dommages peuvent survenir est estimé à 85 dB(A) (niveau moyen sur une journée de travail de huit heures). Mais, à partir d’un niveau sonore moyen de 80 dB(A) sur huit heures, on peut considérer le niveau d’exposition préoccupant. »

Des solutions existent

Si, toutefois, de par la nature même des missions de l’entreprise, il n’était pas possible de diminuer le bruit subi, de plus en plus d’entreprises s’adaptent en proposant à leur personnel des équipements de protection individuelle comme des bouchons d’oreille, voire des casques anti-bruit (notamment dans l’industrie, le BTP, les transports…).

Depuis quelques années, et principalement dans le secteur tertiaire, certaines sociétés vont même plus loin en intégrant dans leurs locaux des espaces de repli permettant aux salariés les plus sensibles aux bruits environnants de s’en isoler.

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