« Encore embryonnaire il y a quelques décennies lorsque s’éteignaient les premiers hauts fourneaux, le travail frontalier a connu ici – plus que n’importe où ailleurs en Europe – une accélération sans précédent ces dernières années », constatent d’une seule voix Mathieu Klein et Patrick Weiten.

Selon les deux présidents de conseil départemental, le travail frontalier est une chance pour la Lorraine, un formidable moteur qui contribue au renouveau économique de la région en même temps qu’il renforce les mailles d’une Europe vécue par leurs concitoyens.

 

Un appel à l’unité des acteurs français…

Conscients des défis à venir – qu’ils soient économiques, sociaux ou liés au développement du territoire –, Mathieu Klein et Patrick Weiten en appellent à l’unité des acteurs français pour dessiner collectivement une stratégie Luxembourg.

« Il ne s’agit pas seulement de tirer parti de la proximité du pays au plus fort PIB/habitant du monde, mais bien de construire une vision partagée du développement que nous souhaitons pour nos territoires, pour bâtir ensuite des accords gagnant-gagnant avec notre voisin », expliquent les deux hommes.

Par ailleurs, leur objectif est de revendiquer la place et le rôle des collectivités territoriales dans toutes les instances de coopération transfrontalière. « Nos institutions départementales responsables de compétences décentralisées majeures ne peuvent pas être écartées ni de la commission intergouvernementale ni de la Grande Région européenne. »

Enfin, la volonté commune des présidents départementaux est d’engager un chantier sur l’adaptation de la réglementation sur nos zones frontalières. « Nous avons su faire preuve localement d’intelligence collective pour réaliser et financer des projets d’infrastructures qui ont vu le jour grâce à l’investissement de nos collectivités et du concours de nos voisins ; il nous faut aujourd’hui aller plus loin et expérimenter d’autres outils, à l’image de zones à statuts spécifiques qui pourraient nous permettre de réinvestir nos friches industrielles et centres-villes en déshérence. »

… et à l’Union européenne

Il en va aussi de la responsabilité de l’Union européenne, qui pourrait utilement réfléchir à un référentiel pour l’ensemble des zones transfrontalières qui représentent 40 % de son territoire. « Les dizaines de milliers de citoyens qui traversent quotidiennement les frontières se sont emparés de l’idée européenne bien plus rapidement et efficacement que ne l’ont fait leurs institutions. Ils ne comprendraient pas aujourd’hui qu’elles érigent des murs là où ils souhaitent davantage de ponts, qu’elles alourdissent des réglementations là où ils demandent davantage de souplesse, qu’elles engagent des combats stériles avec nos voisins là où ils réclament plus de coopérations, par la proximité et l’équilibre de l’action publique. »

Et les deux hommes de conclure : « C’est ici, dans notre Grande Région européenne que le Lorrain Robert Schuman a posé les bases de l’Europe politique. Ici que le noyau économique de l’Europe s’est structuré autour de la Communauté européenne du charbon et de l’acier. Ici que doit se construire l’Europe de demain, une Europe solidaire et fraternelle, proche des réalités de travail, de vie, d’action. »

Michaël Peiffer

 

(Article publié dans le numéro 89 d'Entreprises Magazine, Mai/Juin2018.)

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