Il est 14 h. Hubert Glesener, guide touristique du Luxembourg City Tourist Office (LCTO), attend à l’entrée des Casemates de la Pétrusse. Depuis 30 ans, il partage sa passion du Grand-Duché avec les voyageurs venus d’ailleurs, et les locaux férus d’Histoire. Car le pays regorge de secrets, que l’ancien professeur de mathématiques connaît par coeur.

Son passe-temps favori ? Parcourir les Casemates, se frayer de nouveaux passages dans les entrailles de la capitale, pour les raconter. Il embarque la rédaction à la découverte du Luxembourg City Underground pour la visite des Casemates de la Pétrusse suivie de celles du Bock. Toutes deux font partie de la forteresse classée au patrimoine de l’Unesco depuis 1994.

Les Casemates de la Pétrusse

Dehors, les températures avoisinent les 30 degrés. Pourtant, dans quelques minutes, il fera bien frais, dans les rochers. Pour s’y rendre, rien de plus simple. Rendez-vous place de la Constitution, non loin de la Gëlle Fra.

Avant de pénétrer les Casemates, Hubert Glesener prévient « il faut faire attention lorsque vous marchez, car la température et l’humidité peuvent rendre le sol glissant». Toute précautions prises, la visite peut commencer. Nous descendons les escaliers. Le subtil système d’éclairage fait son effet. On y voit plutôt clair dans l’obscurité.

Le visage d’Hubert Glesener, lui, s’illumine. Tout en marchant, il raconte d’abord comment, en 1644, les espagnols ont modernisé les ouvrages médiévaux, en construisant des forts et grands bastions. « Le plus puissant d’entre eux, le bastion Beck, dit-il, se trouve juste en dessous de la place de la Constitution.»

Nous passons sous un petit portillon scintillant symbolisant notre passage sous la Gëlle Fra. Un petit clin d’oeil visuel et sonore destiné à faire sourire les visiteurs.

Au creux de la roche, il continue son récit, expliquant comment en 1673, les espagnols ont procédé au renforcement du bastion Beck. Comment plus tard encore, le maréchal Vauban a donné aux ouvrages de la Pétrusse leur forme actuelle et comment les autrichiens, en 1728-29 ont marqué l’évolution des casemates en y construisant un “Grand escalier”. Dès le début de la visite, il est aisé d’imaginer les soldats cachés derrière les meurtrières, tant la scénographie est réussie.

Les anecdotes…

Les anecdotes du guide feraient presque sentir la poussière qui envahissaient les passages à l’époque. Au milieu d’un couloir de roches, il montre du doigts des lumières blanches placées là pour rendre visible les systèmes d’aération installés dans les casemates, et les lumières bleues, où se trouvent les meurtrières. « Sans ces aérations, les tirailleurs ne pouvaient tout simplement pas respirer », raconte-t-il.

Un film d’animation diffusé dans une salle spécialement aménagée rappelle que leur usage a évolué à travers le temps, passant d’un lieu où la société d’Schéiss y installe ses stands de tir, à un lieu destiné à la culture de champignons par les jardiniers Backes et Schneider.

On y apprend aussi qu’au 20e siècle, des concerts et des bazars y étaient organisés, que la Compagnie des Grands Vins de Champagne E.Mercier a commencé sa production en 1886 près de la gare, utilisant les casemates pour stocker les bouteilles. Et Hubert Glesener d’ajouter qu’elles ont aussi « servies comme abris pendant les deux guerres mondiales » avant leur toute première ouverture à des fins touristiques, qui remonte à… 1933 !

Entre deux récits historiques, il raconte que la nuit, des oiseaux et des renards, se perdent dans les casemates. Non loin de la sortie, un authentique canon rapporté des prussiens et datant de 1834 est exposé, posé sur une structure étudiée pour ne pas abimer la roche. C’est l’un des trois canons historiques présents sur le territoire, les autres étant exposés à Diekirch et au musée des Fortifications.

En sortant, la vue de la vallée de la Pétrusse qui nous accompagnait tout au long du chemin, est éblouissante. Il est temps de filer aux Casemates du Bock.

Les Casemates du Bock

Elles sont moins étroites, plus lumineuses, et la vue y est spectaculaire. Les Casemates du Bock, mesurant 1.100m2, sont situées dans le rocher du même nom, qui surplombe la vallée de l’Alzette.

Pour connaître leur origine, il faut remonter à 963, lorsque que le comte Sigefroi a érigé un petit château sur le rocher du Bock. « c’est là que le nom de Luxembourg “Lucilinburhuc“, est apparu pour la première fois, raconte Hubert Glesener. Si vous vous rendez au musée de la ville, il vous sera possible d’y consulter le traité du même nom, qui malgré les années est resté intact.»

Les Casemates, creusées par les autrichien en  1745, ont autrefois été érigées pour renforcer la défense de la ville-forteresse, appelée “Gibraltar du Nord”. Ses fortifications accueillaient alors 50 canons et une garnison de 1.200 soldats. Contrairement aux Casemates de la Pétrusse, ses meurtrières ont été explosées au canon lorsque les fortifications ont dû être neutralisées, créant plusieurs point de vue gigantesques et lumineux sur Clausen, le Pfaffenthal et l’Abbaye Neumünster, « d’où son apparence de gruyère », indique le guide.

Les anecdotes…

Ici encore, les anecdotes, au fil de la visite, ne manquent pas. Lorsque nous passons près d’un puit militaire, profond de 40 mètres, Hubert Glesener explique que la population n’avait accès qu’à deux puits contrairement aux militaires qui en disposaient davantage. « Il pouvait arriver que les habitants, très souvent privés d’eau, payent des porteurs pour leur apporter de l’eau de la vallée vers la ville haute ». Dure période pour les luxembourgeois.

Un peu plus loin, le guide invite à faire preuve d’imagination. En ces lieux, se déroulaient des représentations de la “Kasemattentheater“, compagnie fondée par Tun Deutsch en 1964. Ce théâtre, qui se voulait avant-gardiste attirait la bourgeoisie intellectuelle, mais est devenu très populaire. « Les représentations ont été interrompues pour des raisons de sécurité autour des années 1980 », regrette Hubert Glesener.

Reste que lorsque l’on regarde à travers une meurtrière, à l’entrée des Casemates, on aperçoit l’Abbaye de Neimënster, haut lieu de l’offre culturelle luxembourgeoise. Comme un clin d’oeil au passé.

Nouveauté : les casemates sont ouvertes toute l’année !

Visiter les casemates en été et en hiver ne procure pas les mêmes sensations. Le dépaysement est pourtant garanti à chaque saison. Quand il fait chaud à l’extérieur, les Casemates de la Pétrusse nous donnent une belle sensation de fraicheur. La température reste la même à l’intérieur quelle que soit la température extérieure, ce qui permet une belle visite à tout moment de l’année. Quant aux Casemates du Bock, en hiver, surtout si les flocons de neige sont au rendez-vous, la vision est époustouflante. En été, la vue sur la vallée est digne des plus belles cartes postales.

Exceptés le 25 décembre et le 1er janvier, les horaires sont les suivants :

  • Les explorations accompagnées des casemates de la Pétrusse sont possibles du lundi au samedi à 11H30, 12H30, 14H et 15H ; le dimanche à 11H30, 12H30, 13H30 et 14H30.
  • Les casemates du Bock, sont possibles tous les jours de 10H45 à 15H (dernière entrée).

Les Casemates en images

Les tarifs

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