Chaque année, 7 milliards de litres d’eaux minérales sont puisés dans les sous-sols en France. Parmi toute cette quantité de flotte, une bonne partie aurait été filtrée illégalement. Le Monde et la cellule d’investigation de Radio France révèle en effet que Nestlé Waters a eu recours à des techniques de purification interdites sur de l’eau contaminée.

Concrètement, des lampes UV et des filtres au charbon actif ont été utilisés pour tuer des bactéries. Problème, l’eau “minérale naturelle” ou “de source” ne doit subir aucun traitement. Ainsi, parmi les 30 % de marques concernées par ce scandale, l’industriel suisse nage en eau trouble. En cause, Vittel, Contrex et Hépar dans les Vosges et Perrier près de Nîmes.

Le gouvernement, au courant depuis août 2021 de cette affaire, « décide de ne pas informer la justice ni les autorités européennes », précise l’enquête. Au terme d’une réunion interministérielle en février 2023, des arrêtés préfectoraux vont même permettre la pratique de ces microfiltrations.

Cette pratique n’entraînerait pas de risque sanitaire, mais c’est surtout la dissimulation auprès du consommateur qui fait déborder le vase. « C’est scandaleux, surtout quand on sait que les enfants boivent ces eaux. C’est une déception pour beaucoup de fidèles consommateurs », indique une source de Lodyss, eau luxembourgeoise puisée à Bascharage.

Les eaux minérales du Luxembourg ?

Au Grand-Duché, la législation est très stricte. Seulement deux interventions sont autorisées, pour ôter le fer et le manganèse, non nocifs mais qui donnent un mauvais goût à l’eau. « Quand on ouvre le robinet à la source, l’eau doit être parfaitement potable, sans traitement additionnel », explique Max Weber, directeur de Rosport, qui prend le soin de préciser que comme celle de Lodyss, l’eau de Rosport n’est pas traitée car elles sont pures.

Le laboratoire national de santé et l’administration de la gestion de l’eau effectuent régulièrement des contrôles. « Les prélèvements sont faits à la source et non dans les bouteilles, pour vérifier si l’eau est 100% potable. »

Pas une première en France

En 2022, déjà, Médiacités révélait que la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes avait ouvert une enquête sur le groupe Alma. Des injections de sulfate de fer et de C02 industriel avait été relevées.

De son côté, Nestlé Waters a tenté d’éteindre l’incendie avant même le départ de feu. À la veille de la sortie de l’enquête du Monde et Radio France, la firme a reconnu ces pratiques illicites lundi dans Les Échos.

« Tout en garantissant la sécurité alimentaire, nous avons utilisé des mesures de protection qui n’étaient pas en ligne avec le cadre réglementaire », a avoué Muriel Lienau, à la tête de Nestlé France et Nestlé Waters Europe.

Le groupe essuie son deuxième scandale en moins de deux ans après celui des pizzas Buitoni contaminées dans l’usine de Caudry, en 2022.

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