Tigrigna, pular, tagalog, bengali, farsi, ça vous parle ? Pourtant voilà autant de langues qui, désormais, sont devenues d’usage au Luxembourg. Ce que l’arrivée de toutes les parties du globe de nouveaux habitants a apporté de couleurs au Grand-Duché s’entend également dans les foyers du pays. Résultat : si, en dix ans, la population a grandi de 25 %, la pratique du luxembourgeois comme langue dominante a diminué de -7 % .

Aujourd’hui, seuls 49 % des ménages résidents bavardent couramment dans la “langue de Dicks” quand, en 2011, ils étaient encore 55 % à entamer leur journée d’un « Wat e schéinen Dag, gell ? ». Mais à la vérité, ce n’est pas tant le luxembourgeois qui régressent au quotidien que d’autres langues qui progressent dans les familles.

Le Statec est ainsi formel : non seulement, certains idiomes déjà bien enracinés dans le pays prennent une part de plus en plus importantes (comme le français, l’italien ou l’anglais) mais certains parlers grandissent au vu de la progression récente de leur “communauté” intégrant la population luxembourgeoise (arabe, russe, pays slaves, etc).

Avec ce phénomène supplémentaire au Luxembourg qu’un nombre impressionnant de “petites langues” (ou dialectes locaux) ont fait leur apparition dans le quotidien de nouveaux habitants. Cela avec la venue d’hommes et des femmes venus de pays de la Corne de l’Afrique ou des Balkans, par exemple, qui n’ont pas encore ou n’adopteront pas de sitôt la langue du Grand-Duc comme 1ère langue dans leurs échanges.

Ainsi, au terme du sondage effectué à l'occasion du dernier recensement, les analystes estiment que sur une décennie 55% de nouvelles petites langues ont fait leur apparition au pays. Résultat aujourd'hui, pas moins de 55 langues premières différentes sont parlées au Luxembourg. Ce nombre ne représentant que les langues utilisées principalement par au-moins 100 habitants, sinon elle est question de 124 langues différentes...

Mais après tout, ce cosmopolitisme du verbe s'explique facilement dans un pays où 73% des habitants ont un antécédent migratoire (un ou deux parents étrangers). Le Statec note au passage que plus l'intégration date plus, logiquement encore, la pratique du luxembourgeois gagne en représentativité parmi le quotidien des résidents.

Et pour celles et ceux qui s'interrogeraient encore sur la 27e langue principale la plus parlée au Grand-Duché (le tigrigna), apprenez qu'elle est originaire des hauts plateaux d'Érythrée, à l'est du continent africain. Une langue qui trouve écho même à 5.000 km de sa terre natale, ça mérite le respect, non ?

Suivez aussi nos actualités sur Instagram