Deux centenaires qui se marient voilà qui n’est pas commun. C’est pourtant la mure décision que viennent de prendre deux grandes maisons familiales luxembourgeoises dont le cœur ne bat que pour la distribution de boissons. Et l’âge ne fait rien à l’affaire, c’est bien l’union de Munhowen (filiale de la Brasserie Nationale) et de Boissons Heintz qui doit faire la force de cette nouvelle entité. « Car ensemble, nous avons des géants à combattre », Isabelle Lentz, CEO de Munhowen.

Certes, les deux entités pèsent déjà dans le game au Grand-Duché et aux frontières -Belgique, Alsace-Lorraine-. Avec à leur actif 7.000 clients professionnels, 2.500 privés, près de 122.000 livraisons effectués dans l’année, le duo n’a pas à rougir de sa position. Mais les deux directeurs commerciaux le reconnaissent : « Si l’on veut perdurer et surtout s’accroitre, il faut encore montrer que nous sommes plus forts que cela ! »

Dans un marché de la boisson qui voit les particuliers moins consommer d’alcools et spiritueux (en litres) mais rechercher des références plus variées ou non-alcoolisées, la réunion des deux portefeuilles de références sera un atout commercial indéniable. On parle tout de même de près de 3.000 produits à proposer désormais aussi bien aux cafetiers-restaurateurs (le principal débouché) que les bureaux, les particuliers ou la grande distribution.

Pas de nom encore mais une ambition

La grande distribution, voilà bien un des géants dont la “jeune mariée” sait qu’il faut se méfier : « Ces groupes internationaux désormais ont un impact gigantesque sur les négociations avec les fournisseurs, constate ainsi Isabelle Lentz. Unir Heintz et Munhowen, avec par exemple des marques-phares comme Battin, Bofferding pour ne citer que des bières, c’est se mettre aussi sur leur chemin .»

Pour l’heure, aucun des deux partenaires n’a tranché sur le nom de l’entité. Le logo encore moins. Mais une chose est certaine, confient d’une même voix Jacques Briot et Olivier Mausen : « Nous conserverons la totalité des personnels (270 + 30), l’intégralité de la flotte de camions (55 au total) et aussi les deux dépôts de nos sociétés, Ehlerange et Hosingen. »

Pour les changements, c’est surtout au niveau de la digitalisation de l’offre commerciale, au niveau de la proximité et des services apportés aux clients que le groupe entend faire la différence avec ses concurrents. Des poids-lourds comme Maes ou AbInBev en Belgique ou France Boissons en France qu’il va falloir « doubler par plus d’agilité… C’est toujours l’avantage de David face à Goliath ! »

Et pourquoi ne pas aller titiller du côté allemand alors ? « Commercialement, le secteur de la boisson est déjà très consolidé et les consommateurs locaux sont particulièrement attachés à leurs bières nationales ou locales. Mais on gardera notre unique point de vente à Trèves. En Belgique francophone ou germanophone ou dans le Grand Est, les bonnes pills luxembourgeoises sont plus appréciées et surtout l’hôtellerie-restauration semble être en attente de nos produits et d’une nouvelle offre », analyse la CEO de Munhowen. Allez, santé aux heureux mariès !