* Le portrait de néo avait fait l’objet d’une première publication début 2018.

Si près et pourtant si loin, si loin et parfois si près. La légère inversion syntaxique colle précisément au parcours de l’intéressé.

Originaire et résident du sillon mosellan, celui-ci se renseigne de bonne heure sur le paysage fiscal et social du Grand-Duché alors qu’il y effectue ses premiers jobs étudiants.

Rien ne l’y prédestine pourtant, lui qui acquiert des compétences dans la mécanique automobile avec l’intention, à terme, d’ouvrir son propre garage. “Dans ma spécialité, le boulot est réservé à ceux qui ont la nationalité luxembourgeoise”, regrette toutefois Néo.

“Le côté financier ? Comme la plupart…”

Il est loin de s’imaginer cotiser un jour à l’Administration des contributions directes (ACD). Mais voilà, son projet personnel déraille il y a quelques années et lui ouvre la voie du Luxembourg. “Je me suis adressé aux agences d’intérim du pays qui m’ont trouvé des missions en intérim pour commencer, raconte celui qui a désormais paraphé un contrat à durée indéterminée (CDI). Dès lors que j’ai revu mes plans, travailler ici est devenu une priorité.”

La pilule avalée, Néo intègre la matrice. Et l’employé polyvalent en station-service de ne pas y aller par quatre chemins. “Comme la plupart des Français, je suis là pour l’aspect financier surtout, il ne faut pas se cacher. Pour disons 400€ de plus qu’en France, j’aurais opté pour ça. Alors quand c’est le double…”

Célibataire, il loue par ailleurs les avantages sociaux que confère le pays et notamment lors de l’arrivée d’un heureux événement. “Pour les allocations familiales, les congés parentaux…”, entre autres.

“Typique d’une vie parisienne”

Son poste l’occupant à proximité la frontière, il ne brûle pas trop de gasoil dans les embouteillages. De ceux-ci, il s’en amuse lors des concerts de klaxons auquel il assiste sur la voie d’en face quand il termine au petit matin, trois-huit obligent.

Une circonstance qui pèse considérablement dans la balance de ce pragmatique. “Si je devais me rendre à l’autre bout du Luxembourg, je ne le ferais pas. A quoi bon rouler deux heures, travailler huit heures et reprendre la route deux heures ? C’est typique d’une vie parisienne, tout ce que je n’aime pas”, commente celui qui n’a pas encore atteint la trentaine.

Prestant lors de plages horaires décalées, il n’entrevoit qu’une esquisse des complications routières routinières. “Je roule à 50 km/h à 6h le matin mais je ne suis pas en stand-by sur l’autoroute. Il y a quand même de quoi s’énerver.”

“Je ne partirai plus jamais”

Réorienté dans un environnement de travail aux antipodes des ronronnements de moteurs et des mains noircies par la crasse, il y apprécie l’ambiance conviviale.

Entouré de “98%” de Français, locaux et Allemands se comptant sur les doigts de la main, le frontalier baragouine “trois mots d’anglais”, pas plus.

S’il ressent un jour le besoin de changement ou “l’envie d’évoluer”, la question de la destination ne se posera certainement pas. “Je ne partirai plus jamais. Je suis un convaincu du Luxembourg. Ce sont comme les Alsaciens qui travaillent en Suisse, pourquoi se priver de l’eldorado voisin ? C’est un choix de vie.

Toute chose commence par un choix”, prophétisait un personnage phare d’une saga dont le premier opus sortait il y a 19 ans…