Sandra, frontalière française travaille dans une station service au Luxembourg, au service administratif. Le rythme de travail est soutenu et elle fait souvent plus de 40 heures par semaine. Pendant six ans, elle n’a pas eu un seul jour de maladie, même durant sa grossesse.

Elle donne naissance à une petite fille, mais elle ne trouve pas de crèche adaptée au souci de santé de celle-ci. Elle décide donc de prendre son congé parental à mi-temps, pendant une année. Son employeur lui accorde sans problème. Quand elle reprend son travail après son congé de maternité,  la station a changé de propriétaire. Son nouvel employeur ne cesse de lui reprocher son congé parental.

Il fait ce qu’il veut de nous

Sandra est quotidiennement harcelée. Son patron fait tout pour qu’elle parte. Il l’envoie dans toutes les stations n’importe quand. Elle parcoure déjà 50 km pour venir travailler et 50 pour repartir. Elle n’est pas la seule dans cette situation. “Il fait ce qu’il veut de nous, les autres filles aussi n’en peuvent plus.”, nous confie-t-elle.

Sandra part travailler la boule au ventre. Une semaine elle fait 2 jours à 8 heures et la suivante, c’est 3 jours durant 8 heures. A cela, il faut ajouter au moins 1h, 1h30 de trajet le matin et le soir ! Si son patron l’envoie dans une autre station, ça peut être encore plus d’heures. Mais elle a besoin de ce travail et elle a très peur de le perdre. En France, elle ne gagnerait pas assez pour payer ses factures.

Il ne respecte pas le droit du travail

En plus des reproches toujours plus blessantes, Sandra nous explique qu’il paie ses salariés quand bon lui semble. Actuellement, il lui est impossible de faire un emprunt. Mais ce qui est plus inquiétant, nous dit-elle, c’est qu’il ne respecte pas le droit du travail. En effet, son nouvel employeur est franchisé, et a racheté les stations à un privé.

Il a repris les salariés mais sans tenir compte de leur ancienneté. “Ça fait dix ans que je travaille au Luxembourg, et six ans pour cette station. Je suis toujours payée au salaire minimum non qualifié, alors que je devrais avoir le minimum qualifié. Mon patron ne veut rien entendre. Il n’y a aucun dialogue possible.” Sandra nous explique aussi que les choses vont trop loin. “Il ne respecte pas nos horaires de travail, nous en demande toujours plus. Mais ce qui m’inquiète beaucoup, c’est le soir, quand je dois fermer la station toute seule. La nuit j’ai peur, je ne me sens pas en sécurité.

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