Trois nouveau-nés et puis… stop. Le 1er centre de périnatalité à voir le jour au Luxembourg n’aura guère eu le temps de fonctionner. A Bertrange, Lunata aura à peine duré un trimestre avant que le ministère de la Santé ne décide sa fermeture d’un côté, et la mise sur pied d’un groupe de travail sur les Maisons de naissance de l’autre.

Car, en autorisant désormais les sage-femmes à accompagner les femmes enceintes tout au long de leur grossesse et lors de l’accouchement compris « en milieu extra-hospitalier », le pays a ouvert la voie pour la réalisation de ce type de structure.

Sauf qu’en l’état, à entendre le ministère de la Santé, tout n’est pas si simple. Un peu comme si l’accouchement n’était réservé qu’aux seuls hôpitaux et cliniques luxembourgeoises. Le cas d’une naissance à la maison restant une “exception”.

Et l’administration conduite par Paulette Lenert a ses raisons. La ministre les a avancées à l’occasion d’une réponse parlementaire : « C’est en effet le service d’obstétrique d’un hôpital qui est chargé du diagnostic, du suivi et du traitement de la femme et de l’enfant, notamment lors de l’accouchement, et qui assure le suivi post-natal immédiat de la mère et de l’enfant, par l’intervention coordonnée des professionnels concernés ».

 

Seulement, cette remarque a de quoi froisser les sage-femmes. Si en février dernier, la CNS introduisait dans sa nomenclature d’acte remboursable le fait que ces professionnelles puissent donner la vie en dehors de l’hôpital, voilà que cette possibilité leur serait limitée.

Pourtant, côté sécurité, le statut des 230 sage-femmes exerçant au Luxembourg a de quoi rassurer. Elles « disposent des compétences pour constater si l'accouchement se déroule normalement ou s'il existe des indices pour des complications qui nécessitent une prise en charge médicale à l'hôpital » pour reprendre les termes d’un communiqué par l’ALSF.

L’instance représentative de la profession rappelle même qu’en cas d’urgence, les "blouses roses" peuvent procéder à un accouchement en présentation du siège voire une réanimation du nouveau-né, « y compris l'intubation ».

Depuis 38 ans en Allemagne

Mais il faut croire que les gynécologues-obstétriciens voient d’un mauvais œil ce qui pourrait être une potentielle concurrence à leur activité.

Se passant des services de ces autres professionnels de la naissance, les femmes pourraient faire le choix de donner la vie dans ces Maisons. Des structures placées sous la gestion de sage-femmes libérales (elles sont une quarantaine au Grand-Duché).

Un des points à préciser reste donc le degré d’intervention d’untel ou d’untel. Car si les sage-femmes sont habilités à suivre un « accouchement normal », elles restent exclues du suivi des cas présentant des pathologies du fœtus, maternelle ou néonatale ».

🇫🇷 En France, il existe déjà une dizaine de Maisons de naissance. Dont une en Lorraine, à Nancy. Toutes sont contigües à un établissement de santé.

🇧🇪 La Belgique a été un des premiers Etats européens a validé le fonctionnement des maisons de naissance. Le Royaume en compte aujourd’hui plus d’une vingtaine d’établissements de ce type. La loi les restreint toutefois, par exemple, à ne pas pratiquer les naissances multiples (jumeaux, triplés, etc).

🇩🇪 L'Allemagne, qui a adopté ce système en 1985, possède plus de 150 Maisons de naissance en activité. La plus ancienne, à Berlin-Charlottenburg, réalise près de la moitié des venues au monde dans l’eau.

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