Parmi les débats à l’ordre du jour jeudi matin au Parlement européen, les “dispositions relatives à l’heure d’été.” A l’issue de la séance, les élus voteront ou non une résolution visant à mettre un terme au changement d’heure biannuel dans l’Union européenne.

Selon le quotidien régional Ouest France, la disposition a toutes les chances d’être adoptée. Le cas échéant, elle fera escale à la Commission européenne, l’instance en charge d’adopter les lois.

Depuis quand change-t-on d’heure ?

Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’idée a germé dès 1784 outre-Atlantique avec Benjamin Franklin. A l’époque, l’un des Pères fondateurs des Etats-Unis soumet l’idée dans le journal de Paris : “L’épargne de cette somme qui se dépense en bougies et chandelles n’est pas le seul avantage de mon économique projet“, écrit-il.

L’Allemagne pionnière

Sur le continent, trois pays ont joué le rôle de précurseurs : l’Allemagne, la pionnière, et l’Angleterre l’instaurent dès 1916. La France suivra en 1917, un an avant les Etats-Unis.

Alors au beau milieu de la Première Guerre mondiale, le choix des trois Européens est d’économiser du charbon et de le consacrer à l’effort de guerre, et ce, en profitant plus longtemps de la lumière naturelle.

Fin de l’expérience après la 2ème Guerre mondiale

La mesure persistera jusqu’au deuxième conflit international. Pendant la 2ème GM, les troupes allemandes investissent au fur et à mesure des territoires du nord de la France.

La partie sous occupation allemande adoptera même un temps “l’heure allemande” (+1 heure) à temps plein jusqu’à ce que le régime de Vichy ne s’y conforme. La raison étant principalement d’ordre logistique notamment pour planifier les plages horaires des trains de la SNCF.

La paix revenue en 1945 marque la fin de l’expérience horlogère.

Harmonisation européenne en 1998

La fin des Trente Glorieuses et le choc pétrolier de 1973 coïncident avec le retour aux cycles. La disposition s’applique en France en 1976, l’argument avancé par le gouvernement de Valery Giscard d’Estaing étant d’économiser de l’énergie en réduisant les éclairages en soirée.

Touchés par la récession, les autres pays rentrent dans le rang, si bien que l’ensemble des membres l’UE l’introduisent en 1980.

En 1998, une directive convient d’harmoniser les jours lors desquels interviendront les changements d’heures, le but étant de faciliter le train de vie communautaire notamment en matière de transports et de communications.

Pourquoi certains veulent mettre fin aux cycles ?

Les cycles ne sont pas imposés aux pays membres de l’UE, mais si l’un d’eux décident d’y renoncer, il doit prendre les devants trois années en amont. 

Dans le monde, une dizaine de pays l’ont abrogé durant la dernière décennie. C’est le cas par exemple de la Russie (2011) ou de la Turquie (2016). De plus en plus de leurs homologues songent à les imiter.

Problèmes de santé publique

Les anti-changement d’heure invoquent plusieurs arguments. Chaque roulement entraînerait des problèmes de santé publique. Les enfants notamment auraient du mal à synchroniser leur organisme à cette variation brutale.

La Russie y a mis un terme en raison d’un taux de suicide plus élevé durant la période d’horaires hivernaux. La Commission européenne elle-même a reconnu “des problèmes possibles de santé” en 2015.

Le ministre luxembourgeois de l’Agriculture, Fernand Etgen milite pour une suppression du système. “L’horaire d’été a davantage d’inconvénients que d’avantages“, confiait-il au journal l’Essentiel au moment du dernier changement d’heure.

73% des Allemands n’en veulent plus

Par ailleurs, la Sécurité routière encourage les piétons à une grande vigilance lors du passage à l’heure d’hiver. Il y a quelques années, elle avertissait : “Chaque année, au moment du passage à l’heure d’hiver, est enregistré un pic d’accidentalité et de mortalité dont les piétons sont les premières victimes.

Enfin, avec l’avancée technologique, les éclairages sont devenus beaucoup plus économes. De quoi convaincre plusieurs pays (Chine, Ukraine, Tunisie… ont déjà franchi le pas), jugeant le gain trop faible, d’abandonner le procédé.

En France, la moitié des citoyens y sont favorables. En Allemagne, ils sont 73%.