Olivier, diplômé depuis un an, décide en 2011 de traverser la frontière pour travailler dans un réseau d’aide à domicile au Luxembourg. Son travail consiste essentiellement à faire des injections, des pansements, conduire les personnes âgées au cimetière ou au supermarché et surtout permettre un bon lien social avec celles-ci.

Dix-huit mois plus tard, il commence comme infirmier dans l’un des quatre établissements des Hôpitaux Robert Schuman en médecine interne, pour quatre ans plus tard rejoindre l’hôpital du Kirchberg.

Quelle est la différence entre le métier d’infirmier au Luxembourg et en France ?

Olivier nous explique : « En France, les infirmiers bénéficient d’un certain confort car il y a des aides-soignants pour accomplir de nombreuses tâches comme les soins techniques, les dossiers administratifs etc. Au Luxembourg, l’infirmier a une charge globale du patient et doit tout gérer ».

Des patients du monde entier où les langues sont primordiales

« Les patients viennent du monde entier et de tous les milieux sociaux et professionnels. C’est une chance de travailler dans cet environnement international mais il faut parler plusieurs langues. Le luxembourgeois est selon moi une condition essentielle pour pouvoir comprendre les luxembourgeois et les soigner le mieux possible. L’anglais est aussi très important pour communiquer avec les patients qui viennent de partout ».

Un infirmier gagne trois fois le salaire d’un français

Le Luxembourg offre des conditions salariales très éloignées de celles proposées par la France. En début de carrière, un infirmier au Luxembourg gagne le double d’un français, et en fin de carrière, c’est le triple.

Olivier nous explique le système rémunération : « Un infirmier commence sa carrière à environ 3 000 euros nets par mois avec des permanences certains week-end. Tous les deux ans, il passe à l’échelon supérieur et gagne entre 100 et 150 € en plus par mois. Ca fait dix ans que je suis dans cet hôpital et je gagne 4 500 € net par mois, sur une base de 40h, du lundi au vendredi ».

Un choix de vie avec des inconvénients qui pèsent au quotidien

Malgré sa reconnaissance envers le Luxembourg, Olivier remet en question sa vie professionnelle. En effet, il quitte sa maison à 6h00 pour arriver en bus, la plupart deux heures plus tard à son lieu de travail. Sur une base de 40h, et entre trois et quatre heures de transports par jour, Olivier trouve que le temps passé dans les transports devient pesant. Il envisage sérieusement de quitter le Luxembourg pour une meilleure qualité de vie, mais il doit accepter de moins bien gagner sa vie.

Le Luxembourg a un très bon système de santé mais une formation inadaptée

Olivier reconnait que le secteur de la santé luxembourgeois dispose de technologies très pointues. Les réseaux de soins à domicile, pour les avoir pratiqués lui-même sont très performants. Mais ce qui ne va pas selon lui, c’est la formation. Le Luxembourg propose un BTS alors qu’en France, il faut une LMD Licence Master Doctorat (BAC+3) pour être infirmier. Cela permet ensuite d’accéder à un master et de se spécialiser. Le Luxembourg manquerait selon lui de candidats car la formation n’est pas assez attractive. « Il faudrait harmoniser la formation au niveau de l’Europe », ajoute-t-il.

La pénurie des infirmiers en France, surtout dans le Grand Est

Selon Olivier, le Luxembourg ne forme pas assez d’infirmiers et va chercher sa main d’œuvre aux frontières. Même s’il y a de nombreux portugais qui deviennent infirmiers, ce qui est une bonne chose car ils parlent souvent cinq langues, le quota nécessaire n’y est pas. Il explique : « En France, les hôpitaux, les maisons de soins, les EPHAD manquent cruellement de personnel. Alors quand il suffit de traverser la frontière et de gagner le double de ce qu’on pourrait avoir dans son pays, il est parfois difficile de ne pas être tenté ». Et il conclut par : “Si le Luxembourg propose une autre formation d’infirmier, il y aura moins de pénurie en France”.

Il conclut par : « Le Conseil régional finance les formations en France et ensuite les gens s’en vont au Luxembourg. Il faudrait aussi que les salaires soient meilleurs en France ».

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