Dans la Moselle française, les villages frontaliers comptent souvent une majorité de personnes actives qui, chaque jour, passent la frontière pour travailler au Luxembourg. Ces travailleurs font partie des 116.000 frontaliers français qui participent quotidiennement au développement économique du Grand-Duché. Et ce chiffre ne cesse d’augmenter.

Pour obtenir une photographie de l’évolution du travail frontalier au cours des dernières années, l’Insee a dévoilé, en septembre dernier, les résultats d’une étude détaillée sur ce sujet. Ceux-ci démontrent deux points essentiels : 1 travailleur frontalier sur 5 est un “nouveau frontalier”, et la motivation salariale de ces travailleurs est indéniable. En effet, ils doublent quasiment leur salaire en rejoignant le Luxembourg.

Un fort renouvellement des frontaliers

L’étude de l’Insee établit tout d’abord que le nombre de citoyens français vivant à la frontière luxembourgeoise et travaillant au Luxembourg est passé de 7,4 % à 8,6 % entre 2018 et 2020. La population de travailleurs frontaliers se renouvelle toutefois énormément chaque année : 20 % des frontaliers ne travaillaient pas au Luxembourg l’année précédente.

Ainsi, en 2020, sur 86.100 frontaliers résidant en Moselle et Meurthe-et-Moselle, 17.800 sont de nouveaux frontaliers.

Bien entendu, plus on se rapproche de la frontière, plus le nombre de travailleurs frontaliers est important. Un tiers des 15-64 ans sont, par exemple, frontaliers dans la Communauté de communes de Cattenom et ses environs. Cette proportion descend à 1 sur 5 dans la Communauté d’agglomération Portes de France-Thionville.

Une indiscutable motivation salariale

Si l’on se penche à présent sur les éléments qui motivent ces personnes à passer la frontière chaque jour afin de travailler au Luxembourg, l’Insee pointe le salaire comme principal facteur. Il faut dire que de nombreux résidents français ont parfois l’occasion de doubler leur salaire en passant la frontière.

Le ratio de multiplication du salaire français, quand on passe au Luxembourg, serait ainsi situé entre 1,25 et 2,04. Ce ratio est plus important lorsqu’il s’agit de travailleurs hautement qualifiés, disposant de diplômes de plus haut niveau. Il augmente aussi au plus on se rapproche de la frontière.

Il ne faut pas aller bien loin pour trouver les raisons de cette très importante différence de salaire. Au Luxembourg, on rétribue automatiquement les travailleurs en fonction de leur niveau de diplôme. Le salaire minimum, en outre, est bien plus élevé qu’en France (1.678 € pour le SMIC français, 2.776 € pour le salaire minimum pour un travailleur qualifié au Luxembourg).

Salaire et avantages

Mais, au-delà du salaire, de nombreux travailleurs frontaliers interrogés par des médias français, en marge de cette étude de l’Insee, pointent aussi les avantages liés à un emploi au Luxembourg : fiscalité plus avantageuse, primes diverses, 13e mois, etc. On comprend donc pourquoi les personnes actives vivant dans ces régions frontalières choisissent de travailler au Luxembourg. C’est d’autant plus compréhensible en période d’inflation, et considérant que le coût du logement dans la Moselle française a déjà considérablement augmenté au cours des dernières années.

Lire : Les allocations familiales au Luxembourg

Pour les pouvoirs publics français, cette situation est toutefois délicate : certains secteurs vitaux – notamment celui des soins de santé – sont de plus en plus souvent en manque de personnel, rendant délicat leur fonctionnement optimal. Un constat qui est le même dans d’autres pays frontaliers du Luxembourg, comme la Belgique.

Auteur : Quentin Deuxant

Article extrait du 117e numéro d’Entreprises magazine. Si vous souhaitez obtenir ce numéro ou vous abonner, contactez la rédaction via le site directement, soit par téléphone au (00 352) 40 84 69, soit par fax (00 352) 48 20 78 ou via le mail : [email protected]

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Pour avoir une idée des salaires au Luxembourg, consultez le salairoscope.