Imaginez rouler sur une autoroute où les lumières s’allument à votre passage, avec une intensité plus ou moins forte selon que le ciel soit dégagé ou qu’il y ait du brouillard. Une voirie intelligente en somme.

Du projet « futuriste » à la réalité, il n’y a qu’un pas, ou plutôt quelques années. Bientôt, les 2.700 kilomètres d’autoroutes et de routes wallonnes (y compris les parkings sur les aires d’autoroute et dédiés au covoiturage) seront entièrement connectés. Le « Plan Lumières 4.0 » de la région belge, réalisé sous la forme d’un partenariat public privé sur 20 ans, débutera dès le deuxième trimestre 2019.

Baisse de 76 % de la facture énergétique

Concrètement, il s’agira pour le consortium LuWa de remplacer 100.000 points lumineux : aux ampoules sodium, auront d’ici là succédé des ampoules LED, permettant une baisse de 76 % de la facture énergétique, selon les mots du ministre wallon de la Mobilité, Carlo Di Antonio.

Ces lumières blanches ou « froides » seront davantage adaptées à l’œil humain et permettront de mieux distinguer les détails sur la route, de mieux évaluer les distances ou encore d’éviter les halos de lumière.

Le long de tous les axes et des échangeurs, seront déployés des Unités de Bord de Route (UBR). Celles-ci seront équipées de capteurs trafic Bluetooth et de la technologie V2X destinée aux véhicules connectés.

Luminosité augmentée en cas de pluie, d’entrée sur l’autoroute, de piétons…

L’intensité de l’éclairage sera ajustée en temps réel selon le trafic, les conditions climatiques, en fonction des obstacles sur la chaussée (accidents, travaux…).

Par exemple, la luminosité sera automatiquement augmentée sur la voie d’insertion pour prévenir les automobilistes de l’entrée d’un véhicule sur l’autoroute. Le même fonctionnement s’opérera aux abords des passages piétons ou lors d’une intervention d’une équipe technique.

Les points lumineux clignoteront, en outre, lorsqu’un véhicule circulera à contre sens. En cas de pluie, de chutes de neige, de brouillard intense, le système exploitera les données des 52 stations météo de la Wallonie pour moduler l’éclairage.

Eclairage adapté à la faune et la flore

Le Plan Lumières 4.0 prévoit, en outre, de respecter la biodiversité. Cela signifie que l’intensité de l’éclairage tiendra compte de la réaction à la lumière de la faune et de la flore wallonne (zone Natura 2000).

Les éclairages seront dirigés au maximum vers les axes routiers et éviteront les variations lumineuses susceptibles de perturber les cycles de la nature.

Le tout sera géré depuis le centre de gestion implanté à Daussoulx (province de Namur). Le plan préfigurera à l’arrivée des futurs véhicules autonomes.

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Ces derniers permettront une exploitation encore plus poussée des données : les véhicules autonomes, en mettant automatiquement les données récoltées en réseau, permettront de déterminer le niveau de congestion (vitesse enregistrée au moment T), le climat (gouttes d’eau sur le pare-brise) etc.

400 emplois créés

Les quatre premières années serviront à moderniser les points lumineux. La planification des travaux tiendra compte des conditions de circulation et ceux-ci seront majoritairement effectués la nuit. La région table sur une économie de 166.000 tonnes de CO2 sur 20 ans.

600 millions d’euros seront investis par la Société wallonne de Financement Complémentaire des infrastructures (SOFICO) pour la durée du contrat. 400 postes seront créés et 100.000 heures de formation seront financées par les Missions Régionales pour l’Emploi (MIRE).

Le Plan Lumières 4.0 fera, à terme, de la voirie wallonne, la première du genre au niveau européen.

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