« Smartwielen ressemble à un matching sur Tinder mais le contenu est politique, pas amoureux…» La comparaison est signée Raphäel Kies, attaché à l’Université de Luxembourg. Lui et Marc Schœntgen coordonnent Smartwielen, une plateforme internet de “conseil politique” (unique en son genre au Grand-Duché). Et à l’approche des élections européennes du 9 juin prochain, le site vient juste de reprendre du service.

« Chaque électeur est invité à répondre à 38 questions par “oui” ou “non”, détaille Raphäel Kies. En fonction de ses réponses, l’algorithme lui indiquera de quel candidat et de quel parti politique il est le plus proche. »

Lors de son lancement aux législatives de 2009, la plateforme était surtout plébiscitée par les jeunes, moins informés sur les enjeux politiques. « Aujourd’hui son utilisation se normalisenote le spécialiste. Nous avons rendu le site ludique et attractif. En même temps, il constitue aussi une porte d’entrée assez sérieuse sur les élections. »

Vote et pluralité

Un accès 2.0 qui permet aux électeurs de tous âges de se forger un avis qui leur est propre. « Les citoyens ne lisent pas forcément les programmes politiques alors nous facilitons la construction de leur opinion. Il apparait plus intéressant que leur vote soit basé sur du contenu concret et non pas qu’ils ou elles choisissent un parti ou un candidat juste par habitude. »

Smartwielen se veut ainsi accessible au plus grand nombre. « Notre but n’est pas de dire aux électeurs “Débrouillez-vous !”, bien au contraire. » Pour cela, la plateforme est accessible en cinq langues (français, luxembourgeois, allemand, anglais et portugais).

L’ajout de la langue portugaise pour appréhender le scrutin européen du dimanche 9 juin correspond justement à une volonté de toucher un maximum d’électeurs. « Nous nous adressons à la fois aux luxembourgophones et aux autres, qui parlent français, portugais etc. »

À l’occasion des élections législatives de 2023, 336.912 matchings avaient alors été réalisés cette année-là via Smartwielen. Certainement que certains utilisateurs, doutant sans doute des performances du logiciel, avaient entrepris diverses tentatives de mise en correspondance réponses/candidats.

En toute neutralité

Pour éviter l’écueil d’un manque d’objectivité, les deux chercheurs ont adopté une règle de conduite stricte. « Nous abordons des thèmes européens divers. Nous nous emparons des questions problématiques, celles qui divisent les partis, de sorte à faire ressortir un contraste. »

Cette année, douze des treize partis luxembourgeois en lice pour les 6 sièges à pourvoir ont participé à l’élaboration de la plateforme. Chacun a répondu aux questions affichées. Leurs réponses sont mises en miroir avec celles des électeurs.

« Il faut reconnaître qu’au début, en 2009, les candidats étaient plutôt sceptiques face à cet outil. Smartwielen les oblige à se positionner clairement sur une multitude de sujets. C’est une communication nette, bien différente du discours de campagne électorale. Mais en quinze ans, je pense que les forces politiques, les militants, les candidats et les électeurs indécis ont compris l’utilité de la plateforme. Maintenant, aucune formation n’a vraiment de problème à y apporter sa contribution. »

Autre fait intéressant : le site web met tous les partis sur un pied d’égalité. « Dans les médias traditionnels (comme la télévision ou la presse écrite), les petits partis apparaissent sous-représentés. Avec Smartwielen, ce n’est pas le cas car l’algorithme ne fait aucune distinction d’importance. » Quant à laisser entrevoir un quelconque résultat, le logiciel n’est pas fait cela. Seul le vote dans le secret de l’isoloir départagera les uns et les autres d’ici un mois.

 

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