On savait que -tout ministre luxembourgeois des Affaires étrangères qu’il était- Jean Asselborn avait le verbe haut et la parole libre. Il faut croire que son successeur à ce poste, Xavier Bettel suit les traces de son aîné. Il en a fait la démonstration, jeudi, au cours d’une réunion de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Ainsi, le politicien libéral a-t-il adressé ses quatre vérités à la délégation russe présente. Et son propos de signifier qu’après les efforts menés auprès de Moscou au début du conflit avec Kiev, le temps n’était plus aux négociations mais à la fermeté. Dans le communiqué officiel, cela donne « Il est indispensable que nous restions solidaires avec l’Ukraine et agissions dans l’unité face aux crimes horribles et les graves violations du droit international perpétrés par la Russie. La redevabilité pour ces crimes reste une priorité de premier plan pour le Luxembourg ».

Mais lors des échanges, le ton fut bien plus chargé de reproches encore. Y compris venant d’un Xavier Bettel qui reconnaissait avoir eu « de bonnes relations avec Vladimir Poutine (…) C’était quelqu’un que j’appelais et avec qui j’avais des échanges. » Désormais, le Luxembourgeois écoute, sans comprendre, ce que lui raconte le chef d’État russe. « La dernière fois, il m’a pas parlé de la langue russe, parler des nazis… ce narratif n’est pas le bon !». Pas forcément en tous cas des thèmes qui évoquent une possible sortie de conflit.

Morale, tacle et chaise vide

Mais pour le représentant du Grand-Duché, il est temps que le chef des troupes russes ouvrent les yeux : « Il n’est jamais trop tard pour se rendre compte que l’on a fait une grosse erreur ».

Le propos se poursuivant par cette leçon de morale : « La force n’est pas de montrer que l’on est le plus fort mais de savoir mettre fin à la douleur de milliers de personnes ». Et d’insister si besoin : « Il est facile de débuter une guerre mais la finir montre la valeur des dirigeants ! ». Un tacle qui sitôt adressé a été suivi d’un acte fort. Ainsi, le ministre des Affaires étrangères n’a pas souhaité assister à la prise de parole de Sergueï Lavrov, son homologue russe.

Il est vrai que la présence du porte-parole de Poutine à la réunion de l’OSCE était plus que controversée. Ainsi, Ukraine, Estonie, Lettonie et Lituanie avaient-ils boycotté le rendez-vous de discussion Est-Ouest du fait de la présence du diplomate. Un Lavrov dont la place « est devant un tribunal spécial, pas à la table de l’OSCE », a déclaré le ministre estonien des Affaires értangères.

Il y a quelques jours encore, Xavier Bettel n’avait pas maché ses mots pour qualifier l’attitude de la Hongrie et de son dirigeant. A Bruxelles, il avait fait remarquer à ses partenaires européens que l’UE n’avait pas à être prise en otage par Viktor Orban qui pose des exigences financières en échange d’un possible soutien à l’Ukraine.

 

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