« Moien » pour dire bonjour, aller au « kino » (« cinéma » en allemand) et « merci » pour remercier : pas de doute, le luxembourgeois est, à lui seul, la parfaite illustration du plurilinguisme caractéristique du Grand-Duché.

Un peu d’histoire…

Au plus lointain, de nombreuses sources historiques associent le luxembourgeois aux langues germaniques et romanes. Une langue qui, au fil des siècles, est restée orale et non écrite et fut considérée comme un dialecte.

Plus exactement, le luxembourgeois serait au départ une branche du francique-mosellan, qui serait lui-même l’un des dialectes du moyen-allemand occidental (un groupe de dialectes de la partie ouest de l’Allemagne). En d’autres termes, au commencement, le luxembourgeois désignait simplement le dialecte, aux influences germaniques donc, qui était parlé sur le territoire de ce qui deviendra plus tard le Grand-Duché.

Ayant « enquêté » sur la question de l’origine de cette langue, le Département édition du Service information et presse du gouvernement rappelait dans un ouvrage consacré au sujet que, parallèlement, « les occupations françaises sous Louis XIV en 1684 et par les troupes révolutionnaires en 1795 ont favorisé l’utilisation du français comme langue administrative et législative ». En outre, l’introduction du code Napoléon en 1804 a définitivement entériné « l’utilisation du français comme langue dominante en matière juridique ».

S’il peut sonner à l’oreille comme du néerlandais, le luxembourgeois que l’on connait aujourd’hui serait donc en réalité le résultat de l’évolution à travers les âges et l’usage de ce dialecte, fruit de ses origines germaniques et de ses influences françaises.

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De dialecte à langue nationale

Bien que peu pratiqué, le Grand-Duché ayant toujours été un petit pays, le luxembourgeois a toujours continué à être parlé au fil des époques, voyant même sa popularité commencer à sérieusement croître au XIXe siècle.

C’est le moment où commencent à apparaître les tous premiers dictionnaires, mais aussi les premiers poèmes en luxembourgeois, à l’image de Ons Heemecht (en 1859) (signifiant « Notre patrie »). Très célèbre, ce dernier sera mis en musique cinq ans plus tard par le compositeur Jean-Antoine Zinnen et finira par devenir l’hymne national ! À cette époque, le luxembourgeois est considéré comme une « langue d’identification nationale ».

Mais les choses se corsent pendant la Seconde Guerre mondiale lorsqu’au cours de l’occupation nazie, le luxembourgeois se voit relégué au niveau de dialecte, dans le but de justifier une incorporation naturelle du pays au Reich allemand.

Seulement, patatras, rien ne se passe comme prévu et « le recensement de 1941, qui devait couronner les efforts de l’occupant, vire à la débâcle avec une majorité écrasante de la population affirmant que sa langue maternelle est le luxembourgeois », comme le rappelle le Département édition du gouvernement. C’est d’ailleurs après la guerre que, « en rejet aux efforts de germanisation », plusieurs mots français sont pleinement intégrés à la langue du Grand-Duché (« merci », « pardon »…).

Pour la suite, au cours du XXe siècle, deux dates fondamentales ont contribué à donner tout son essor et toute son identité propre au luxembourgeois :

  • 1984 : année de la promulgation de la loi sur le régime des langues qui promeut le luxembourgeois au rang de langue nationale. Il partage du même coup le statut de langue administrative et judiciaire du pays avec le français et l’allemand ;
  • 1989 : le programme « Lingua » reconnait le luxembourgeois au niveau européen.

De nos jours, les formations pour apprendre le luxembourgeois se multiplient et le regain d’intérêt pour cette langue est toujours aussi fort. Une étude réalisée par le Statec en 2019 indiquait en ce sens que 70,5 % de la population actuelle employaient le luxembourgeois dans la vie courante (au travail, à domicile, à l’école…), et 60 % des natifs luxembourgeois et des résidents étrangers trouvaient que le luxembourgeois devrait être la langue principale d’intégration dans le pays.

Lire Une pétition pour que le luxembourgeois soit la première langue du pays !

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