Alerte emploi : le Grand-Duché manque des éducateurs. Encadrement des tout-petits, des enfants en décrochage scolaire ou éducatif, maisons relais pour les adolescents, prise en charge de personnes handicapées ou service auprès de personnes âgées, le secteur social recrute. À tel point que les employeurs du pays ont dernièrement vu les conditions d’embauche de salariés issus de pays hors-Union européenne facilitées…

« Au Luxembourg, entre 200 et 250 élèves ont obtenu leur diplôme d’éducateur l’an dernier, souligne Manuel Da Costa, vice-président de l’Association luxembourgeoise des éducateurs et éducatrices. Et un éducateur qui ne trouve pas de poste à occuper au pays, cela n’existe pas ! »

Afin de répondre au besoin criant de main d’œuvre, le ministère de l’Éducation vient d’annoncer l’élargissement de l’offre de formation dès la rentrée 2024. Histoire de qualifier plus de monde encore. La filière sera ainsi proposée dans le sud du pays à Esch, au lycée Bel-Val. Deux classes ouvriront, de façon à accueillir une cinquantaine d’élèves.

Attirer les frontaliers

« Jusqu’à maintenant, pour les jeunes, il n’y avait que le Lycée technique pour professions éducatives et sociales à Mersch (LTPES ) qui se consacrait exclusivement à la formation d’éducateur. » L’École nationale pour adultes à Luxembourg-Ville organise également cet apprentissage, mais elle ne s’adresse qu’à des salariés de 21 ans et plus, travaillant déjà dans le social.

Accueillir des apprenants éducateurs dans le sud du pays correspond à une décision mûrement réfléchie. Dans un premier temps, la formation sera offerte en langue allemande mais dès septembre 2025, le français fera aussi partie des langues d’enseignement. Voilà de quoi toucher les frontaliers français et belges, qui pourront donc étudier à Belval.

« La formation d’éducateur est dispensée entre trois langues, à la base, détaille Manuel Da Costa. En français, allemand et anglais. Le Luxembourg est un pays cosmopolite et il est compliqué d’exercer ce métier sans parler au moins deux langues… Donc je serais étonné si effectivement il y a une formation spécifiquement en français. »

Développer l’enseignement

Manuel Da Costa pointe du doigt un manque éducatif. « Après le DAP Education par exemple, il est difficile de trouver une autre formation qui permet de montrer en grade. Or nous devons donner aux jeunes la possibilité d’acquérir des compétences supérieures au Luxembourg même. Il ne faut pas qu’ils partent à l’étranger pour cela. »

L’Accord de coalition signée par le nouveau gouvernement de Luc Frieden prévoit justement de former davantage d’éducateurs. Une ambition saluée par Manuel Da Costa. « Il y a une volonté politique d’agrandir le LTPES à Mersch et de développer l’apprentissage du métier à Belval, aussi. C’est donc très positif pour la profession. »

Et le syndicaliste de mpousser le curseur plus loin encore : « Nous souhaitons une revalorisation de la fonction. L’éducateur doit être reconnu dans son travail au même titre que l’infirmier. En plus, dans le secteur de la santé, les professions sont règlementées, mais celle de l’éducateur ne l’est pas encore… »

 

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