Depuis cinq semaines, c’est un secret total qui régnait autour des négociations CSV-DP. Luc Frieden ne levant finalement le voile que, ce 16 novembre, sur quelques grandes actions de son prochain gouvernement (fiscalité, logement, sécurité, famille, etc), réservant l’exclusivité du contenu de l’accord de coalition aux députés à partir de lundi. Sauf que depuis… le programme a fuité ! Occasion de découvrir plus de détails, notamment dans le domaine de la Santé, des mesures à venir d’ici 2028.

Ainsi, peut-on lire que la feuille de route de la nouvelle ministre de la Santé, Martine Deprez (CSV), comprend le développement de l’hospitalisation à domicile, plus de liberté pour les centres hospitaliers dans l’achat de matériels techniques ou le renforcement du réseau de polycliniques à Wiltz, Niederkorn, Dudelange ou Luxembourg-ville… et l’augmentation du salaire des infirmières.

Si la nouvelle fera la joie des 6.500 blouses blanches (aides-soignantes, infirmières, infirmières spécialisées) déjà en poste, elle devrait surtout permettre d’attirer plus de professionnel-le-s des soins au Grand-Duché. Car c’est avant tout « pour faire face à la pénurie de personnel de santé qualifié » que le gouvernement entend mettre en place cette « incitation ».

De combien ? Rien n’est écrit sur ce point. Mais le point sera discuté avec les « différents acteurs ».

Solution de facilité

Si la différence de salaire attirait déjà bon nombre d’infirmières frontalières vers le Luxembourg, l’appât financier devrait susciter encore plus de vocations étrangères. Déjà dépendant à 65% de personnels venus de France, Belgique et Allemagne, le métier n’est plus à ça prés.

Par contre, cette annonce va faire grincer bien des dents parmi les régions voisines qui voient filer les infirmières diplômées et expérimentées plus vite qu’elles ne réussissent à en faire entrer de nouvelles dans les filières de formations… Les primes distribuées en Lorraine ou Wallonie pour faire “rester les inf'” dans leur pays ne devraient pas résister longtemps à cette concurrence reboostée côté Luxembourg…

Actuellement, une infirmière débutante peut gagner environ 4.500 € brut/mois, salaire plus proche des 5.800 € au bout de dix ans d’ancienneté.

Mais le dernier Plan national de santé a été clair :  il faut recruter, embaucher, engager comme jamais du fait du vieillissement de la population et d’un nombre élevé de départs en retraite dans la profession. D’ici 2030, le Luxembourg doit ainsi trouver plus de 3.000 infirmières (et de l’ordre de 1.200 médecins…)

«Éthiquement, devoir puiser dans le vivier des pays voisins n’est guère agréable, mais c’est la solution de facilité première », reconnait au passage Anne-Marie Hanff. Et la présidente de l’Association nationale des infirmières-infirmiers du Luxembourg (ANIL) d’encourager la naissance de plus de vocations parmi les jeunes résidents.

Former ici plutôt que recruter là-bas

C’est d’ailleurs dans ce but que, depuis quelques années, le Luxembourg a créé de plus en plus de formations infirmières sur son territoire même. À la rentrée dernière, par exemple, l’Université du Luxembourg a ouvert 4 nouveaux bachelors en Sciences Infirmières spécialisés (pédiatrie, psychiatrie, anesthésie-réanimation et assistant technique médical de chirurgie .

D’ici 2028, le prochain gouvernement envisage de mettre un cursus supplémentaire en place, au moins. Selon l’accord de coalition, il s’agirait d’une formation d’infirmier “intermédiaire” entre le niveau d’aide-soignant et le bachelor. « Dis comme ça, cela reste flou, commente Anne-Marie Hanff. Il faudra voir comme cela s’inscrit à la fois par rapport au BTS existant et comment les titulaires de ce diplôme entreront dans les carrières. »

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