Une décennie pile que la Chambre des salariés (CSL) sonde, année après année, le ressenti des employés en poste au Luxembourg. Un Quality of Work Index qui, depuis 2017, mesure aussi la progression du télétravail dans les organisations du travail. Et le fait est que pour sa dernière édition, le sondage montre un nouveau repli de la pratique.

« Et pas une catégorie professionnelle, ni un secteur d’activité n’échappe à la tendance », note Philippe Sischka, chercheur à l’Uni qui a suivi le sondage mené auprès de quelque 2.732 participants. Enquête dont il ressort qu’en 2023, seulement 29% avait recours au travail en distanciel (31% des sondés occupant un métier “non-télétravaillable”).

“Seulement” car depuis le pic de 2021 (où 40% des salariés pratiquaient régulièrement le télétravail), la part des salariés concernés baisse. 35% en 2022, 29% l’an dernier, à l’heure où les patrons luxembourgeois sont sollicités pour donner leur opinion sur cette pratique, il sera intéressant de connaître leur point de vue. « Il est d’ailleurs intéressant de note que c’est parmi les dirigeants et cadres de direction ou gérants que la pratique du télétravail a le plus régressé en un an », pointe la présidente de la Chambre, Nora Back.

Ainsi, sur les 520.000 ouvriers, employés et fonctionnaires en poste au Luxembourg, juste 150.000 hommes et femmes auraient eu la possibilité de gérer depuis la maison leurs missions quotidiennes l'an dernier. Ce n'est pourtant pas faute d'aimer le procédé, indique le Quality of work Index.

Ainsi, seulement 12% des salariés repoussent définitivement cette forme de travail. Les autres souhaitant -dans un idéal- soit y consacrer au-delà de la moitié de leur temps de contrat (28%), soit un peu moins que 50% de leurs heures (25%). 4% des sondés se sont même dits prêts à prester leurs horaires sans jamais mettre les pieds au bureau !

« Cela fait donc 53% des salariés qui disent oui à cette forme hybride, alors que seuls 29% y ont eu accès. Cela peut créer un point de tension », souligne Philippe Sischka. Et le chercheur de poursuivre, notamment à l'intention des recruteurs : « Il ne faut pas prendre le sujet à la légère car il est essentiel pour qui veut attirer ou retenir notamment des 25-44 ans (la tranche d'âge la plus favorable au télétravail), sans oublier les frontaliers. »

D'ailleurs, du côté des frontaliers, ce facteur est souvent mis en avant comme pesant pour un meilleur équilibre vie pro/vie perso. Seulement, les chiffres sont là : c'est sur ces navetteurs venus des pays voisins que la réduction du "TT" a été la plus sensible en 2023 : les frontaliers français retombent à 23% de "pratiquants" réguliers (-6%), les belges à 21% (-11%) et les allemands ) 14% (-10%).

Et l'introduction des nouvelles normes fiscales (les "34 jours") ou sociales ne semblent guère avoir influencé cette diminution, « la consigne vient de la hiérarchie pas des États !», regrette Nora Back.

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