Vendredi 3 mars : gouvernement luxembourgeois, syndicats et patronat ont rendez-vous pour une nouvelle tripartite. Si, à cette occasion, Xavier Bettel comptait évoquer avec les partenaires sociaux les mesures à renouveller ou annuler pour 2024, OGBL, LCGB et CGFP voudraient imposer un point à l’ordre du jour : l’adaptation des barèmes fiscaux. Autrement dit les niveaux de salaire qui déclenchent tel ou tel taux d’imposition.

Patrick Dury (LCGB) l’a annoncé au micro de RTL ce matin : les trois syndicats ont adressé un courrier en ce sens au Premier ministre luxembourgeois. Une lettre traduisant à l’écrit ce qu’ils lui avaient déjà dit à l’occasion des deux tripartites de 2022. « En mars, le gouvernement avait carrément repoussé l’idée. En septembre, le Premier ministre avait dit qu’il n’y avait “pas de tabou” sur le sujet. Alors, on insiste… », indique Nora Back (OGBL).

Pour les trois syndicats, la revendication est claire : à chaque index, les salariés perdent de l’argent. Le salaire, la pension ou le traitement brut augmente bien de 2,5% à chaque tranche indiciaire, mais le net perçu, lui, a moins grandi.

Huit index, huit pertes

Des années que les syndicats dénoncent cette “Kal progressioun”, mais avec trois indexations envisagées en 2023, la préoccupation devient cruciale à leurs yeux.

Pour Patrick Dury et ses partenaires, « les salaires compris entre le minimum social et un montant de 5.000 ou 6.000 euros doivent être déchargés ». Les syndicats estimant que les bas revenus et la classe moyenne étant les plus lésés par la perte de pouvoir d’achat.

Côté gouvernement, on a déjà annoncé qu’aucune grande réforme fiscale ne serait engagée d’ici aux élections législatives de cet automne. Mais, la ministre des Finances n’a pas caché la possibilité d’accorder des allégements fiscaux dans le courant 2023. « Mais Yuriko Backes veut nous accorder des petits cadeaux avec l’argent des impôts que nous avons déjà versé. Ce n’est pas cela qui va nous satisfaire, ni compenser les pertes subies sous la mandature Bettel! », tonne l’OGBL.

Il est vrai que, depuis 2013, le pays aura connu huit tranches indiciaires et cela sans qu’aucune modification des barèmes ne soit appliquée.

Que dit le patronat ?

Du côté des trois syndicats, on rappelle que ce principe d’adaptation de la fiscalité au rythme des index a été une réalité avant 1996. A l’époque, tous les deux tranches indiciaires, les niveaux de déclenchement du taux d’imposition étaient réhaussés directement de 5%.

Ce n'est pas forcément vers ce système que CGFP, OGBL et LCGB souhaiteraient retourner. Plutôt vers une adaptation systématique, à chaque index donc.

Côté patronal, le sujet ne fait pas partie des priorités avancées pour ce tripartite de début mars. Sans doute, l'UEL arrivera-t-elle plutôt avec des demandes de baisse de l'imposition sur les entreprises. Cela même si, la perte de pouvoir d'achat pointée par les syndicats pourrait être un des facteurs freinant l'attractivité du Luxembourg pour certains candidats à l'embauche.

Ce "levier fiscal" pourrait donc être un des moyens permettant de lutter dans les actuelles difficultés de recrutement ressenti par les entreprises au Grand-Duché

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