Longtemps Claude Maillard est passé pour un doux-rêveur. Un Professeur Tournesol du rail (il a été cadre à la SNCF) qui ne jurait que par la résurrection de 22 km de rails. Pour lui, la voie Fontoy-Audun devait être réactivée et participer au renouveau du transport passagers entre Nord Lorraine et Luxembourg. Enfin, après les haussements d’épaules et les tapes amicales dans le dos, voilà qu’on tend l’oreille à sa suggestion.

Il est vrai que, question mobilité, toutes les solutions sont bonnes à prendre. L’engorgement de l’A31 (et l’A31bis est encore loin d’avoir démarré), les rames TER bondées et les routes parallèles au bord de l’asphyxie témoignent déjà de la saturation en matière de mobilité quotidienne. Alors qu’en sera-t-il demain quand, en 2050, le Grand-Duché recevra de l’ordre de 300.000 frontaliers supplémentaires ? Que plus de salariés montent dans un train et ailleurs que sur le sillon mosellan, ce n’est donc pas une piste à repousser.

Du coup, l’idée de remettre en service la ligne partant de Fontoy pour rallier la Gare de Belval-Université n’est plus considérée comme une lubie fantaisiste mais une hypothèse de travail sérieuse.

La preuve avec cette récente réunion rassemblant plus d’une cinquantaine d’élus locaux, des conseillers régionaux, départementaux et surtout le vice-président Grand Est en charge des Transports dont est né un groupe de travail sur le sujet. « Une urgente nécessité », a-t-il été enfin dit.

Du temps et de l’argent économisés

Techniquement, ce qui a pu être conservé des installations délaissées depuis 28 ans reste en état acceptable. Il faudrait bien dégager certaines parcelles par ici, conforter le rail par là, doubler 2,4 km de ligne ailleurs, assurer la capacité électrique et la sécurisation du passage des trains mais l’investissement est “minime” dans la mesure où les terrains et le tracé sont déjà assurés.

Gain d’argent donc et de temps surtout… Car 2050, c’est demain. Et demain, bien plus que les actuels 82.000 Mosellans, 31.000 en meurthe-et-mosellans et 25.000 Meusiens constitueront le lot des frontaliers à déplacer vers et depuis le Grand-Duché. « Avec cette voie, on peut délester le trafic routier de 3.600 personnes en heure de pointe », estime Claude Maillard.

Promis cette fois : sitôt les études techniques réalisées et les dépenses établies, le projet sera intégré au Contrat État-Région sur les mobilités à rendre pour janvier 2025. Parole aussi du sous-préfet de Thionville : le cofinancement de la réouverture sera demandé aux instances luxembourgeoises.

Et s'il fallait convaincre plus encore de l'utilité de ce tronçon, certains se prennent déjà à rêver de voir cet axe raccordé vers d'autres gares lorraines au potentiel élevé en frontaliers : Uckange (via Hayange et Florange), Longuyon, Audun-le-Roman ou plus au sud Jarny. Comme quoi Claude Maillard n'avait pas tellement tort...

 

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