Imaginez un peu : un salaire minimum qui soit suffisamment élevé pour permettre à celles et ceux qui le touchent de pouvoir malgré tout vivre décemment, en pouvant faire face au coût de la vie dans leur pays de résidence.

Cette douce utopie pourrait finir par devenir réalité dans l’U.E à travers une nouvelle directive des instances européennes visant à créer « des salaires minimaux adéquats », tenant compte « à la fois des distributions salariales, de la productivité, de l’économie en générale ainsi que du niveau de pouvoir d’achat dans les différents pays membres ».

S’engouffrant dans la « brèche », la Chambre des salariés du Luxembourg (CSL) a profité de sa dernière Éconews pour faire un état des lieux du salaire minimum au Luxembourg, rappelant son trop faible montant et ce, quels que soient les seuils de référence.

L’indice de Kaitz

Tirant son nom de l’économiste Hyman Kaitz, cet indice est considéré comme une référence dans la comparaison des salaires minimums internationaux.

Deux versions de l’indice de Kaitz sont utilisées par les économistes et les statisticiens dans leurs calculs. La première considère qu’un salaire minimum est correct s’il équivaut à au moins 60 % du salaire médian à temps plein pratiqué dans le pays étudié.

Dans ce cas de figure, « le Luxembourg ne se situe qu’à la sixième place parmi les États de l’U.E avec son taux de 57,1 % », souligne la CSL. « Pour atteindre cet éventuel seuil européen en 2020, le salaire minimum mensuel brut aurait dû être augmenté d’environ 110 € cette année-là. » Seuls le Portugal, la Bulgarie et la France ont un salaire minimum dépassant les 60 % du salaire médian.

La seconde version de l’indice de Kaitz met en perspective le salaire minimum d’un pays avec le salaire moyen (exprimé là aussi en temps plein). Avec ce mode de calcul, le seuil est fixé à 50 % par la Commission européenne, c’est-à-dire que pour être considéré comme suffisant, le salaire minimum doit être équivalent à au moins 50 % du salaire médian.

Ici, le Luxembourg serait encore plus mauvais élève avec une neuvième place européenne et un indice de 45,2 %. Du reste, aucun pays de l’U.E n’arrive aux 50 %, seules la France et la Slovénie s’en approchent de moins d’un point. Pour être « dans les clous », le Luxembourg aurait dû augmenter son SSM de 230 euros bruts en 2020 (soit une hausse de 10 %), ce qui n’a pas été le cas.

Lire Comparatif des salaires minimums au Luxembourg et chez ses voisins

Les autres seuils de référence

Afin d’établir sa directive, la Commission européenne s’appuient sur d’autres indicateurs comme le salaire moyen net. En utilisant ce dernier, il faudrait que le salaire social minimum du Grand-Duché corresponde à au moins 60 % de ce salaire moyen net. En réalité, il n’était que de 50 %. Pour atteindre les 60 %, il aurait fallu qu’il soit augmenté de 365 euros nets.

En outre, le seuil de risque de pauvreté pourrait aussi être utilisé pour définir le salaire minimum adéquat pour un pays. Celui-ci correspond à 60 % du revenu disponible des ménages. Au Luxembourg, la Chambre des salariés indique que ce seuil de risque de pauvreté était « à 1 942 euros pour un adulte seul, soit 40 euros au-dessus du salaire net (…) autrement dit, en 2020 (qui est notre année de référence), le salaire minimum ne suffisait pas pour éviter la pauvreté dans le chef d’une personne seule ». Il aurait fallu l’augmenter de 2,5 % pour atteindre l’objectif.

Dans son analyse, la CSL met enfin en perspective le salaire minimum luxembourgeois avec le budget de référence et le niveau de productivité. Là encore, dans les deux cas, le SSM ne suffirait pas à boucler les fins de mois l’esprit tranquille. Gageons que l’avancée des travaux européens sur le sujet puisse servir d’impulsion pour faire bouger les lignes au Luxembourg.

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