Quelque chose change dans les campagnes luxembourgeoises ? Certes, l’arrêt décrété de l’emploi des glyphosates dans les cultures a constitué un virage majeur dans les pratiques agricoles. Mais le fait est surtout que le bio gagne petit à petit du terrain. Certes sa progression “mange” moins de terre que les nouvelles constructions, mais tout de même.

Ainsi, aujourd’hui, un peu moins de 7 % des terres agricoles du pays sont exploitées en mode bio ou est en voie en conversion. Et le ministère de l’Agriculture d’annoncer que, depuis 2018, les surfaces agricoles exploitées en mode agriculture biologique « ont augmenté de 57 % ».

Et si cela se traduit dans les champs, les vergers, les élevages, cela se traduit directement en termes d’emplois. Ainsi, aujourd’hui, le Grand-Duché compte-t-il 8 agriculteurs, 20 maraîchers, 22 viticulteurs, 23 arboriculteurs, 21 apiculteurs et 16 éleveurs d’animaux de basse-cour bio. Ce qui aux yeux du ministre concerné constitue « une progression régulière très encourageante ».

Du bon, du durable

Reste que le Luxembourg se veut plus ambitieux en la matière. D’ailleurs dans le programme d’action PAN-Bio 2025, il était annoncé qu’à cette date 20 % des terres seraient concernées par la pratique bio. Du chemin reste donc à faire, mais le ministre Claude Haagen y croit. Pour cela, il sait pouvoir actionner plusieurs leviers.

Déjà du côté de la restauration scolaire et universitaire. Ainsi, les cantines de l’UNI et des écoles luxembourgeoises ne composaient leurs menues, en l’An 2000, que de 5% de produits bio-locaux. Cette part a poussé à 13% aujourd’hui dans les 112 sites Restopolis. Un besoin en alimentation saine et durable qui bénéficie aux acteurs nationaux donc. Et cela sans bouleverser les tarifs des repas proposés aux écoliers ou étudiants.

Ensuite, le ministère encourage aussi le passage au bio pour de nouveaux projets. C’est actuellement le cas au bénéfice de plantations de soja, d’anciennes variétés de blé mais aussi des recherches sur l’emploi d’un humus “vert” stimulant efficacement les cultures.

Par ailleurs, le gouvernement offre des soutiens financiers aux agriculteurs passant au bio. Des aides (augmentées en 2021) et qui appuient actuellement une centaine d’exploitations en cours de conversion. Un chiffre qui reste faible au regard des moyennes européennes. Ainsi, en 2020 encore, Eurostat plaçait le Luxembourg à la 20e place de l’UE (sur 27 pays donc) dans la part des fermes bio sur son territoire…

Pas de quoi toutefois ralentir les efforts en matière de promotion du bio, y compris au niveau des consommateurs. Que ce soit soit via une présence et de la communication sur certains événements (type foires et marchés) mais aussi via la mise en place du site internet www.bio2025.lu.

Mi-2024, l’Institut fir Biologësch Landwirtschaft an Agrikultur Luxemburg devrait produire les chiffres d’une étude sur l’adéquation entre l’offre de produits bio-locaux et les attentes des consommateurs. Pas évident que seuls les amateurs de pommes, de choux, de lait et de vin bio soient à contenter via les productions nationales.