Polycrise : voilà le mal dont souffre actuellement une bonne partie des entreprises du Luxembourg. A commencer par l’Artisanat sur lequel veille la Chambre des métiers. Et la fièvre qui agite le secteur le plus porteur d’emplois au Grand-Duché (104.000 postes) n’a rien de rassurant. En l’état actuel, 18% des 8.600 entreprises du secteur reconnaissent avoir des difficultés à surmonter la crise.

2022 s’est déjà soldée par moins de créations d’emploi que les années passées, un doublement des cessations d’activité et pour les trois quarts des entreprises (73 %) un chiffre d’affaires qui a progressé moins vite que l’inflation.

Et c'est là que tout dérape car en essayant de se rattraper sur les tarifs de vente à leurs clients. Et la "sanction" n'a pas tardé : les coiffeurs ont vu les rendez-vous s'espacer, les bouchers réduire les portions servies, les concessions auto peinent à accrocher de nouveaux acheteurs. On fait mieux comme ambiance générale...

Mais, à l'heure de présenter les perspectives 2023, guère d'éclaircie à attendre si l'on en croit le président de la Chambre des métiers, Tom Oberweiss, ou son directeur Tom Wirion. La rentabilité de l'Artisanat pique du nez et près du tiers du secteur s'attend à une baisse de son chiffres d'affaire pour cette année.

Cocktail toxique ou... fatal

Et s'il est une branche qui menace de céder c'est bien la construction. Le message est clair : « Il y a un véritable risque de crise après les congés collectifs d'été », martèlent les responsables. Les volumes à bâtir pour cette année seront 22% moins important que l'an passé, un tiers des entreprises du BTP ont un carnet de commandes vide au-delà du trimestre en cours (56 % même si l'on s'en tient aux petites structures...), la hausse des taux d'intérêt freine les élans d'investissements immobiliers.

Voilà ce qu'à la Chambre des métiers on nomme un "cocktail toxique". Reste à savoir pour combien de sociétés et donc d'employés, il sera fatal. Mais pour le secteur cela ne fait guère de doute,  « une vague de faillites et des pertes d’emplois significatives » attendent le domaine de la construction.

Et au-delà même de l'aspect social, la Chambre rappelle les conséquences plus générales qui découlerait d'un tel choc : hausse substantielles des prix de vente dans l'immobilier (faute d'une offre suffisante), accentuation de la pénurie de logements abordables (à l'heure où de nouveaux habitants cherchent à s'installer), plus d'ouvriers qualifiés quand la reprise reviendra... Aux politiques de tenter de réagir maintenant.