C’est un plongeon vertigineux que subit la branche construction au Luxembourg. Après des années de progression, les carnets de commande se réduisent faisant craindre le pire pour les quelque 20.000 salariés de ce secteur. Et la Chambre des métiers n’en finit pas de tirer la sonnette d’alarme. « La situation des PME du secteur risque d’empirer rapidement », « Les entreprises vont finir par perdre pied », alerte l’organisme.

Car les faits sont là : sur les trois premiers trimestres 2022, le volume bâti pour du résidentiel a diminué de 27% au Grand-Duché. Et la forte augmentation des taux d’intérêt bancaires n’incite plus les investisseurs ou les futurs occupants à se lancer dans un projet de construction dans un avenir proche.

Déjà, le gouvernement a déposé un projet de loi visant à redynamiser le marché immobilier. Un texte préconisant l’application, du taux super-réduit de TVA sur la création de logements à but locatifs, l’augmentation de 20.000 à 50.000 euros du crédit d’impôt sur les actes notariés, la réévalution à 6% du taux d’amortissement (toujours pour stimuler la construction locative)… Tout cela devrait être voté pour deux ans.

Moins de ventes, moins de permis, moins de rentrées

Tous ces signaux sont jugés « positifs », par la Chambre des métiers. Positifs mais insuffisants toutefois pour que le secteur s’en sorte, estiment les professionnels. En effet, si ces actions peuvent encourager certains à réinvestir dans la pierre, cela ne permettra sans doute pas de compenser les baisses de commandes attendues cette année.

De 3.800 logements achevés en 2022, la Chambre des métiers s’attend à réduire la voilure de 1.500 unités en 2023…  Des appartements ou des maisons “manquantes” dans les carnets de commandes correspondant à des projets autorisés mais qui ne verront pas le jour faute d’investisseurs.

Par ailleurs, le climat actuel entraîne une baisse des transactions (certains préférant miser sur d’autres valeurs que la pierre) mais, plus sombre encore, à la réduction des permis de construire déposés. D’où la crainte des chefs d’entreprises de la construction de devoir à moyenne échéance se séparer d’une partie de leurs effectifs faute de rentrées de commandes, de chantiers en cours et donc de finances.

Il y a peu, le Groupement des entrepreneurs luxembourgeois du bâtiment et des travaux publics en appelait à la mise en place de mesures de chômage partiel pour les ouvriers du bâtiment. Cela tant il semble incertain que le niveau de personnels actuellement employés puisse être maintenu ne serait-ce que jusqu’au prochain congé collectif d’août 2023. La Chambre des métiers n’emploie pas cette expression, mais son souhait est identique.

En effet, la crainte est aussi de licencier des employés qualifiés aujourd’hui et de regretter ce manque de moyens humains à la reprise du marché. De quoi créer un “choc d’offre” quand la demande en logements réapparaitra, avec une montée des prix du m² pas forcément positive pour de potentiels acquéreurs à revenu modeste.

Aussi, la Chambre des métiers réclament un peu plus que le texte actuel du projet de loi déposé à la Chambre des députés. A commencer par l’abolition « de façon temporaire » des 7 % de frais d’enregistrement sur la quote-part de la construction déjà réalisée. Elle souhaite aussi un rôle plus actif du Fonds spécial de soutien au développement du logement. Ce fonds (rassemblant les projets de logements conventionnés bénéficiant de participations financières étatiques, appelées “Aides à la pierre”) pourrait ainsi acquérir divers projets privés “gelés” suite à la chute brutale de la demande.

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