Mesure phare du « deal pour l’emploi » porté et défendu par le ministre du Travail Pierre-Yves Dermagne, la semaine de quatre jours est désormais officielle dans le Plat Pays.

Le gouvernement belge croit beaucoup en ce programme majeur de transformation du droit du travail, censé être l’élément moteur visant à atteindre un taux d’emploi d’au moins 80 % d’ici 2030.

38 h en quatre jours

Elle est désormais inscrite tout ce qu’il y a de plus officiellement dans la législation belge. La semaine de quatre jours, ou plutôt « en » quatre jours puisqu’il ne s’agit pas d’une réduction du temps de travail mais d’une nouvelle répartition de ses heures est donc bien en place en Belgique.

Concrètement, cela signifie qu’à partir de ce lundi 21 novembre, un salarié appartenant au secteur privé a le droit de formuler une demande d’aménagement de ses heures de travail à sa hiérarchie, afin de les concentrer sur quatre jours et non plus cinq.

>Si le patron accepte, une nouvelle convention collective de travail ou un amendement au règlement est alors créé pour rendre applicable cet aménagement (conclu pour six mois et renouvelable indéfiniment). Le salarié réalisera alors ses 38 h en quatre jours, soit le plus souvent des journées de 9 h 30.

>À l’inverse, en cas de refus, ce dernier devra être justifié par des motifs valables, liés principalement au bon fonctionnement de l’entreprise. Il va de soi que pour certains corps de métiers, certaines professions, la semaine de quatre jours sera très difficile à mettre en place, à l’image des professions de l’horesca (hôtellerie, restauration et café).

Entre enthousiasme et scepticisme

Si elle était attendue depuis longtemps par beaucoup d’employés, la mesure principale du « pack emploi » de Pierre-Yves Dermagne se heurte cependant à bon nombre de réserves, tant du côté des salariés que du patronat.

Les syndicats redoutent un stress accru dans les entreprises, où les travailleurs devront abattre une charge de travail plus importante dans une journée. De leur côté, les employeurs craignent d’importants problèmes organisationnels.

Une étude menée en octobre dernier par Securex, spécialiste des ressources humaines en Belgique, indiquait en ce sens « qu’un employeur belge sur quatre (25,7 %) assurait que la semaine de quatre jours à temps plein ne sera pas du tout applicable dans son entreprise ». Par ailleurs, plus de la moitié des patrons (52,2 %) qui refuseraient une telle demande de leurs employés le feraient « car leurs travailleurs occupent un poste exigeant une permanence de cinq jours ouvrables ».

Le droit du travail profondément réformé

Outre la mise en place de cette semaine réalisable en quatre jours, le « deal pour l’emploi » du gouvernement belge comprend aussi plusieurs autres mesures à l’impact non-négligeable sur le quotidien des travailleurs.

C’est le cas de l’alternance du régime hebdomadaire. Dorénavant, un salarié peut ainsi choisir de travailler davantage une semaine pour avoir moins d’heures à prester la semaine suivante. Sur 38 h hebdomadaires, il pourra par exemple travailler 40 h la première semaine et 36 h ensuite. Cette disposition de la loi a notamment été pensée pour les parents séparés, élevant leurs enfants en garde alternée.

Parmi les autres mesures de cette grande réforme du droit du travail belge : le droit à la déconnexion. Dans une entreprise employant plus de vingt salariés, il devient aujourd’hui obligatoire de mettre en place des outils et dispositifs permettant de respecter les temps de repos et la vie privée, tout en régulant également l’utilisation des outils numériques.

 

 

Retrouvez-nous sur Instagram :