Si, au Luxembourg, le sujet n’est pas tabou mais en tout cas loin de devenir une généralité, chez ses voisins et dans d’autres pays du monde l’idée d’une semaine de quatre jours fait doucement son chemin.

Que faire de ce jour supplémentaire ?

Sociologue et économiste au Boston College aux États-Unis, la chercheuse Juliet Schor s’est intéressée à près de 180 entreprises de différentes tailles basées sur différents continents de la planète qui ont décidé de tester, six mois durant, la semaine de travail de quatre jours pour leurs employés.

Au total, 304 salariés très exactement ont été suivis par les équipes de Juliet Schor afin d’étudier à quoi ils occupaient leur temps pendant cette journée « off » supplémentaire. Comme on peut l’imaginer, dans l’ensemble, les salariés passent davantage de temps en famille, en profitent pour pratiquer des activités sportives ou culturelles, voir des amis ou encore accomplir des tâches du quotidien.

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Métro, boulot mais surtout dodo

Mais un détail, relevé par le media Bloomberg, a particulièrement retenu l’attention de la chercheuse : « Les travailleurs qui sont passés à des semaines de travail de quatre jours (avec une moyenne d’environ 32 h hebdomadaires) ont enregistré 7,58 h de sommeil par nuit, soit en moyenne près d’une heure complète de plus que lorsqu’ils travaillaient près de 40 h sur cinq jours. »

Juliet Schor précise en outre que le pourcentage des personnes déclarant dormir moins de sept heures par nuit passerait à seulement 14,5 % pour celles bénéficiant de la semaine de travail de quatre jours, alors qu’il s’élève à 42,6 % pour les autres.

Un gain de sommeil qui ne serait que bénéfique pour Clete Kushida, professeur de médecine du sommeil à l’université de Stanford : « Les améliorations varient d’une personne à l’autre mais le plus grand effet serait une meilleure vigilance tout au long de la journée. »

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La Belgique tente le coup

Au Luxembourg, si certaines entreprises ont tenté l’expérience de la semaine de quatre jours, le scepticisme semble cependant encore largement majoritaire. En mars dernier, le syndicat LCGB rappelait en ce sens en mars dernier à nos confrères de Virgule (ex Wort) un problème de taille : « Même si une redistribution du temps de travail de 40 h en quatre jours au lieu de cinq permettrait de disposer d’une journée libre hebdomadaire supplémentaire, il ne faut pas oublier que le temps de travail par jour devrait se rallonger d’office de deux heures. » Ce qui, de facto, risquerait d’entraîner quelques soucis d’organisation, comme la garde des enfants.

En Allemagne, les syndicats font pression pour une réduction du temps de travail (bien que le pays compte l’un des nombres d’heures hebdomadaires les plus courts d’Europe). Un récent sondage outre-Rhin, réalisé par Forsa, indiquait que 71 % des Allemands souhaiteraient avoir la possibilité de ne travailler que quatre jours par semaine.

À l’instar du Luxembourg et de l’Allemagne, en France aucune législation sur le sujet n’est encore en vigueur, possibilité est simplement donnée aux entreprises de tester la semaine de quatre jours si elles le souhaitent.

En revanche, la Belgique, elle, fait figure de pionnière en la matière puisque la Chambre des représentants belges a adopté le 29 septembre dernier le « Deal pour l’emploi ». Ce texte de loi permet désormais aux employés et fonctionnaires de ne travailler que quatre jours au lieu de cinq s’ils le désirent. Ils devront au préalable avoir eu le feu vert de leur employeur qui, en cas de refus, sera tenu de se justifier. Le Deal pour l’emploi prévoit ainsi que les salariés pourront travailler dix heures sur quatre jours au lieu de huit heures sur cinq jours. Mieux : ceux qui le souhaitent, par exemple en cas de garde alternée des enfants, auront la liberté de travailler davantage une semaine, pour alléger leur rythme la suivante.

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